Sauvées de l’horreur par une tradition ancestrale

Publié le 20 janvier 2019

Durant l’occupation japonaise, les femmes de Malaka se sont faites tatouer. – © Vice

Pendant la seconde guerre mondiale, les femmes d’un village indonésien sont parvenues à éviter les sévices des occupants japonais en se faisant tatouer les bras et les jambes. Pour Vice, elles ont accepté de plonger dans leurs souvenirs.



De mars 1942 à septembre 1945, l’Indonésie était sous occupation japonaise, après le retrait des Hollandais. Et si certains des ancêtres de Jakarta aiment à dire que trois ans sous occupation japonaise furent pires que plus de 300 ans sous le joug des Hollandais, l’histoire est plus compliquée que ça, comme l’explique Vice dans son reportage. Car cette occupation venue du nord s’entremêle avec l’histoire de l’indépendance de l’Indonésie.

Mais l’archipel n’est pas le seul à avoir durement subi l’arrivée du Japon. Les Philippines, la Corée du Sud et la Chine ont également connu la barbarie japonaise, dont ce qu’on appelle le jugun ianfu, à savoir les femmes de confort arrachées à leur pays au bon plaisir des soldats d’Hirohito. Mais, dans le village d’Umatoos, sur l’île de Tomé, les femmes ont trouvé un moyen ingénieux d’éviter de devenir les esclaves sexuelles des Japonais. Avant l’arrivée des soldats, certaines jeunes filles du district de Malaka se sont mises à arborer sur les bras et les jambes des inscriptions symbolisant leur statut d’épouses, alors qu’elles ne l’étaient pas. Et ça a marché! Bizarrement, les combattants l’ont respecté.

«Dans les grandes villes, les tatouages symbolisent la délinquance, mais ici, ils sont notre héritage, font partie de notre culture, explique Daniel Bria Suri, chef de tribu. C’est une tradition qui décrit la philosophie d’une tribu. Certains tatouages symbolisent les maisons traditionnelles, certains symbolisent la nature. Les tatouages sont devenus l’arme ultime pour permettre aux femmes de faire face aux soldats japonais. Avec des tatouages sur le corps, les Japonais les ont laissées tranquilles.»

Winarta, directeur du Independent Legal Aid Institute (ILAI) va plus loin: «l’Indonésie a toujours cherché à dissimuler le jugun ianfu. Le pays a toujours refusé d’admettre que cela ait pu exister. Mais nous avons prouvé le contraire. Nous connaissons la situation politique et économique dans laquelle nous étions durant la période de Suharto. Nous savons à quel point nous dépendions de nos relations économiques avec le Japon. Maintenir de bonnes relations avec le Japon est passé avant le cas jugun ianfu, car on craint que cela nous nuise.»


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