Édition du 31 octobre 2025

Politique

Les penchants suicidaires de l’Europe

Jacques Pilet

Si l’escalade des sanctions contre la Russie affaiblit moins celle-ci que prévu, elle impacte les Européens. Des dégâts rarement évoqués. Quant à la course aux armements, elle est non seulement improductive – sauf pour les lobbies du secteur – mais elle se fait au détriment des citoyens. Dans d’autres domaines également, les décisions moralisantes peuvent avoir de fâcheux effets. Comme si la volonté de faire juste et bien tournait à l’absurde automutilation.

Il a beaucoup été question des fonds russes gelés en Europe: 210 milliards appartenant à la Banque nationale de Russie sont actuellement immobilisés. Ceux qui se sont opposés à leur confiscation, tel le Premier ministre de Belgique – où cet argent est en grande partie géré – se retrouvent désormais en minorité au sein de la Commission européenne. Celle-ci entend à présent obtenir des crédits bancaires destinés à l’Ukraine, garantis par ce trésor sulfureux: une manière détournée de s’en emparer. Les informations à ce sujet mentionnent peu la contrepartie à attendre. Les Occidentaux, et surtout les Européens, possèdent eux aussi des fonds gelés en Russie, estimés entre 160 et 200 milliards: reliquats des entreprises occidentales ayant quitté le pays, ou dépôts des rares encore actives sur place. Le Kremlin répondra «dent pour dent» aux mesures qui seront finalement décidées à Bruxelles, avec des conséquences fâcheuses pour les lésés.
La confiscation de cet argent ne passera pas inaperçue dans les riches pays d’Asie, d’Afrique et d’ailleurs. Ils seront – ils le sont déjà – tentés de placer leurs dépôts ailleurs. Dubaï se frotte les mains. Si la Suisse imite l’Union européenne, le coup sera rude pour ses banques. Bien des Etats, et des particuliers aussi, se diront alors: à quand notre tour d’être ainsi dépossédés?
La volonté, tant de fois répétées, de punir et d’affronter la Russie nous conduit – quasiment tous partis confondus – à une course aux armements en vue d’une offensive de Poutine en Europe occidentale. Totalement improbable si l’on considère l’état de son armée, les faiblesses de son économie, sanctions ou pas, une situation démographique dont Poutine lui-même s’alarme ouvertement.
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