Vive le journalisme tel que nous le défendons!

Publié le 3 octobre 2025
Pourquoi BPLT fusionne-t-il avec d’Antithèse? Pour unir les forces de deux équipes attachées au journalisme indépendant, critique, ouvert au débat. Egalement pour être plus efficaces aux plans technique et administratif. Pour conjuguer diverses formes d’expression, des articles d’un côté, des interviews vidéo de l’autre. Tout en restant fidèles à nos options, à nos sensibilités. Entre nous nous ne sommes – heureusement! – pas toujours d’accord. Le débat d’idées n’est pas un vain mot.

Jamais ce travail n’a été aussi nécessaire. Les journaux, à de rares exceptions, sont en souffrance, en cure de maigreur, en déprime. Les réseaux sociaux, aussi précieux soient-ils, donnent dans l’outrance, souvent manipulés par telle ou telle puissance. Comment dans une telle tourmente se faire une vision un peu plus sereine du monde? Par le professionnalisme des journalistes. Soucieux de la diversité et du sérieux de leurs sources, libres de préjugés, attentifs à toutes les voix, marqués certes par leurs convictions mais prêts à les confronter à d’autres. 

Les guerres qui durent, celles qui se préparent ces temps-ci, sont comme toujours portées par des récits construits et imposés par les divers camps. Demain les historiens les démystifieront. Mais n’attendons pas. Ouvrons large les yeux. La manipulation passe aussi par la mise en exergue de tels faits et le silence sur tels autres. Un exemple? Les attaques choquantes de la Russie sur l’Ukraine font les gros titres, mais celles des missiles américano-ukrainiens dans les profondeurs russes sont à peine mentionnées. La question n’est pas de savoir qui est critiquable ou pas, à chacun son opinion, il s’agit simplement de voir l’entier du tableau, pour mieux comprendre ce qui surviendra ensuite. Un autre cas? Les Européens se réjouissent, à raison selon nous, de voir la Moldavie, ce petit pays pauvre, écartelé depuis des siècles entre les puissances qui l’entourent, choisir la voie de l’UE. Mais ne fermons pas les yeux sur le double langage. Il y eut des influences russes lors des récentes élections, mais d’autres bien plus massives de l’Occident, avec plusieurs visites ministérielles étrangères en pleine campagne pour appuyer un des camps. Et puis on ne peut pas fermer les yeux non plus sur l’extrême autoritarisme de la présidente en place qui a interdit de nombreux partis, arrêté des opposants, manipulé les votes de la diaspora… L’évènement a donc une face réjouissante et une autre alarmante. Notre rôle est d’en présenter les deux.

Le débat est ouvert!

La lucidité démocratique nous amène tous, journalistes ou pas, à réviser parfois, à nuancer nos opinions initiales. Les Suisses favorables au rapprochement étroit avec l’Union européenne s’interrogent bon gré mal gré sur ce qu’il adviendra dès lors de notre neutralité si quelques dirigeants européens s’obstinent dans leurs ardeurs bellicistes plutôt que dans la vocation pacifiste du projet. Par ailleurs, les milieux allergiques à Bruxelles sont aussi contraints de se remettre en question, à l’heure où la toute puissante Amérique fait sauter les règles du droit international et cogne sur la modeste Helvétie. Ce n’est pas un élan nationaliste qui la préservera. Le débat est ouvert. Un brin plus compliqué qu’hier. 

Vive le journalisme! Oui, mais à condition qu’il sache écouter. Vous écouter. Fidèles lectrices et lecteurs qui nous faites l’honneur de votre attention, entrez dans la danse, dites-nous ce que vous pensez de ceci et de cela. Avec cette innovation, sous notre désormais double titre, nous sommes mieux équipés pour vous entendre, pour ainsi nourrir notre réflexion et, si possible, la vôtre aussi. Grand merci. 

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