Soulages, au-delà du noir

Exposition Pierre Soulages au MBA de Lyon, 2013. – © Jacques Meynier de Malviala – Flickr – (CC BY-NC-ND 2.0)
A deux reprises, il m’a été donné de rencontrer Pierre Soulages. C’était chez Alice Pauli, sa galeriste lausannoise. La première fois en 2000. J’avais pris rendez-vous pour une interview. Nous avions longuement parlé de cette quête incessante de la lumière qu’est son œuvre. De cette aurore boréale qui semble sourdre directement du noir – ou plutôt des noirs – du tableau. Et qui se tient comme en avant. «Très exactement entre le tableau et le spectateur», m’avait expliqué Soulages, jamais lassé de parler de son travail. A côté de séries d’œuvres striées, scandées de fentes blanches, persiennes ouvertes sur l’en-deçà, il y avait également une toile ourlée, celle-là, d’un mince liseré bleu. Et je pensais à ce qu’écrit Jaccottet dans A la lumière d’hiver:«laper cette lumière qui ne s’éteint pas la nuit / mais seulement se couvre d’ombre, à peine.»

Catalogue de l’exposition Soulages, Galerie Alice Pauli, 2012 © Coll. R. Aubert
Lorsque que nous nous revîmes, toujours chez Pauli, 12 ans s’étaient écoulés. A cause de la foule qui se pressait dans la galerie en ce jour de vernissage, il faisait très chaud, mais Pierre Soulages semblait n’en avoir cure. Toujours courtois, il avait un mot pour chacun. Comme je lui rappelais notre première rencontre et lui expliquais que le noir représentait pour moi un univers familier, du fait de l’œuvre de mon père, graveur, il me demanda tout à trac: «Bois de bout ou...
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