Mon vagin honteux

© 2018 Bon pour la tête / Pascal Parrone
L’université du Michigan Est n’accueillera plus aucune représentation des Monologues du vagin parce que le propos de la pièce est discriminatoire envers les femmes sans vagin.
Vous suivez? Reprenons.
Le titre de cette chronique vous a peut-être choqué. C’est justement la raison pour laquelle la dramaturge américaine Eve Ensler a écrit les «Monologues» dont il est question: parce que le mot «vagin» suscite la gêne, l’angoisse ou le dégoût et que derrière cette gêne pour le mot il y a la gêne pour la chose, cette obscure chose «d’en bas», objet de tous les silences, que beaucoup de femmes n’ont même jamais pris la peine d’observer.
Eve Ensler a réussi son pari: inspiré par des entretiens avec plus de cent femmes, Les Monologues du vagin est un beau texte, décoiffant et respectueux, de ceux qui vous invitent à mettre des mots sur des choses jamais formulées. Une pièce militante, le meilleur du féminisme de combat, jouée des centaines de fois depuis sa création en 1998.
Mais désormais interdite sur le campus de l’Université du Michigan Est. Le motif invoqué recoupe le titre du séminaire où a germé l’idée de la censure: «Toutes les femmes n’ont pas un vagin». La pièce serait discriminatoire pour les transgenres puisqu’elle part du principe que le vagin est ce qui caractérise les femmes en général.
En d’autres termes: je suis une femme avec un vagin et en tant que telle largement majoritaire. Mais je suis invitée à taire cette réalité grossièrement biologique pour...
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