Dans l’ombre du génie, des destinées

Publié le 24 mai 2018
La Cie Hussard de minuit, nous projette dans un tourbillon d’émotions entre ombres et lumières. Ni biographie, ni cours d’histoire de l’art, «Van Gogh, si près de la nuit étoilée» tisse, au fil des mots, le quotidien du peintre au destin tragique: du choix de peindre à celui de partir.

Il y a d’abord Théo. Théo le
frère cadet. Aimant, solide, bienveillant, professionnel. Celui qui réussit,
fonde une famille, qui soutient, prend en charge. Celui qui relie Vincent Van
Gogh à sa famille et, en quelque sorte, au monde. C’est ce lien que révèle en
premier lieu Van Gogh, Si près de la nuit (étoilée), à travers la
correspondance entre les deux frères.
Une correspondance qui fait partie de
l’univers littéraire de Stéphane Albelda, metteur en scène et auteur: «Ce projet,
je le porte en moi depuis des années. La correspondance du peintre (plus de 800
lettres éditées chez Acte Sud) me bouleverse. Comme me bouleverse la Provence,
sa lumière, ses couleurs si vibrantes dans les tableaux de Van Gogh. Ainsi,
lorsque les musées sédunois m’ont passé commande d’une performance pour la nuit
des musées 2017, l’envie de prendre pour inspiration le destin du peintre est
venue tout naturellement.»
Née de cette commande, une
lecture publique dans les musées deviendra la base du spectacle à venir. S’en
suit un gros travail de documentation, puis le choix de la période que couvre
la pièce: du moment où Vincent, 30 ans, décide de vivre de sa peinture jusqu’à
sa mort. Est venu ensuite le choix des
lettres.

© Dominique Fumeaux, Kaos Prod

L’auteur du spectacle se souvient: «Au-delà de leur valeur de jalons
dans la trajectoire du peintre, j’ai retenu les lettres qui dégageaient le plus
d’émotion, qui disaient le lien fraternel, révélaient le rapport aux femmes, à l’œuvre». Il rédige ensuite les textes qui forment le continuum du spectacle.
Un exercice difficile, nourri par un travail d’immersion intense, mais très
habilement tissé: il n’est pas facile pour le spectateur de distinguer, au
final, ce qui est source historique de ce qui est création.

Sur scène, la musique discrèt...

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