Entre la poule et l’œuf, le Covid-19

Publié le 13 avril 2020
Un billet d’humeur pour sourire de nos délires à l’ère de l’obsession alimentaire. Anna Décosterd est auteure du blog culinaire My Sweet Mouette et photographe culinaire autodidacte.

Quatrième semaine de confinement. Comme toujours, c’est par Facebook que j’apprends les nouvelles pénuries, avec un temps de retard et un ahurissement toujours aussi naïf, même si je devrais, à force, développer mon expertise de la vie au temps du corona.

Il y a d’abord eu les posts désespérés montrant des repousses de cheveux blancs (nous n’avons plus droit au teintures, au motif qu’il ne s’agit pas d’un bien de première nécessité), ensuite les appels au secours au sujet de la levure, nous voilà finalement en manque d’œufs. Selon les paysans, les poules pondent toujours à la même vitesse. Il y a donc autant d’œufs qu’avant. Ni plus, ni moins. Etant donné que les poules suisses en pondent déjà un milliard par année (ce n’est pas moi qui le dit, mais l’Office fédéral de l’agriculture), pourquoi diable nous en faut-il encore plus? Que fait-on de tous ces œufs?

Pressentant je crois ma perplexité, Ueli Maurer a su apporter une réponse apaisante: en pleine conférence de presse du Conseil fédéral il a courageusement abordé la question, et rassuré la population. Oui, on consomme plus d’œufs. Parce que nous faisons beaucoup de gâteaux en ce moment, et que traditionnellement, les plats à base d’œufs sont très consommés en période de Pâques. Dès que les Fêtes seront derrière nous, la situation devrait revenir à la normale. Nous pourrons continuer à faire des gâteaux. Ah voilà. Je dois bien avouer qu’il m’en a bouché un coin, Monsieur le Conseiller fédéral Maurer. Sous ses airs de papi débonnaire, je vis poindre un fin cuisinier. Bon d’accord, j’ai peut-être un peu rêvé. Mais passer comme ça, sans ciller, des avions de chasse à la chasse aux œufs… si l’on ne naît pas politicien, certainement on le devient.

C’est après ces explications que je fus prise de vertige. Depuis que la pandémie dirige nos vies, les pédiatres tirent la sonnette d’alarme, parce que nos enfants ne sont plus soignés correctement. Les parents ont trop peur des salles d’attente. Même réflexe pour ceux qui auraient le malheur de faire une attaque: passez bien le bonjour à Saint-Pierre. Les vieux crèvent de solitude, il paraît que c’est pour leur bien. La récession est là, gare à ceux qui ne sont pas rémunérés par l’Etat. Pendant ce temps? Candide cultivait son jardin, la Suisse fait des gâteaux.

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