La mode ne sauvera pas le monde. Pour l’instant

Publié le 24 janvier 2020
Plusieurs conclusions alarmantes se dégagent d'un rapport environnemental au sujet de l'industrie de la mode. Selon les analystes de la banque britannique Barclays, ce secteur contribue plus aux émissions de gaz à effet de serre chaque année que les transports aérien et maritime réunis, rapporte le journal économique italien Il Sole 24 Ore.

Parler de la mode «éthique et écolo» implique de repenser tout un modèle d’entreprise. En ce sens, que fait l’industrie de la mode? Pour l’instant, pas grand-chose. Selon le rapport de la banque Barclays, l’immense consommation d’eau et d’énergie et les déchets occasionnés par la chaîne d’approvisionnement mondiale du prêt-à-porter constituent une préoccupation environnementale et sociale qui ne peut être sous-estimée.

Cet impact va continuer à s’accroître, causant non seulement des dommages à l’environnement, mais aussi des désavantages économiques pour les entreprises.

Ce modèle n’est plus tenable

Pour avoir une photographie de la situation, nous pouvons mentionner quelques données fournies par Il Sole 24 Ore: la production de vêtements et de chaussures représente aujourd’hui 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit une tranche – égale à 1,2 milliard de tonnes d’émissions – supérieure à celle produite par l’ensemble des vols internationaux et des liaisons maritimes commerciales. De plus, l’industrie de la mode produit 3,3 milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année – un impact plus ou moins similaire à celui de l’Europe dans son ensemble.

Relevons encore que pour produire un simple t-shirt en coton, on utilise une quantité d’eau (2 700 litres) qu’une personne consommerait en deux ans et demi.

Et savez-vous quelle est la fibre la plus utilisée dans la production de vêtements? Le polyester (65%). Étant un dérivé du pétrole, un simple t-shirt en polyester a deux fois plus d’impact environnemental qu’un t-shirt en coton.

Fast Fashion

Un des vrais problèmes réside dans le fait que ce n’est pas seulement l’offre de vêtements qui augmente, mais aussi le comportement des consommateurs qui évolue: les vêtements et les tendances changent à la même vitesse que les goûts des consommateurs.

Entre 2015 et 2030, la consommation de vêtements (en tonnes) devrait augmenter de 63 %, un chiffre qui correspond à plus de 500 milliards de t-shirts supplémentaires.

C’est aussi la faute du nouveau modèle commercial de la mode rapide (fast fashion), celui des grandes chaînes comme Zara, Mango, H&M et bien d’autres, qui s’appuie sur de nouveaux intrants, une production rapide et des prix bas.

Redéfinir l’industrie textile

D’ici 2030, on estime que le secteur atteindra un chiffre d’affaires de 3,3 billions de dollars. A l’instar de ce qui se passe sur les marchés les plus développés du monde, de plus en plus de marques et de designers internationaux et locaux surfent sur la vague écologique.

En prenant en considération plusieurs entreprises du secteur, les experts de Barclays montrent comment les géants de la mode rapide H&M et Inditex (Zara), adhèrent respectivement à 15 et 16 projets de pointe dans le secteur de la mode responsable et éthique, alors que la marque Boohoo n’adhère à aucun projet. Et la marque Next a encore beaucoup à faire. 

Si d’une part il y a les producteurs, qui s’habillent progressivement en green, d’autre part il y a nous, les consommateurs qui devrions déjà repenser nos choix conditionnés par des réflexes économiques notamment lors des journées consacrées à la consommation: Black Friday, Single’s Day, Cyber Monday…


Pour lire l’article original,  c’est par ici.


A lire aussi

Sortir du consumérisme, à tout prix – Marie Céhère

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Accès libre

Recyclage du plastique, trier le vrai du faux

Le recyclage est-il la solution à la crise du plastique? «Oui», selon l’organisation Recypac soutenue par Nestlé, Migros, Coop et autres grandes entreprises. «Non», pour la Protection suisse des consommateurs et les organisations environnementales qui crient au mensonge et plaident pour un retour aux bouteilles réutilisables en verre.

Bon pour la tête

Affaire Vara: telle est prise qui… Tel est pris aussi

Les vacances à Oman de la conseillère d’Etat neuchâteloise Céline Vara lui valent un tombereau de reproches. Il s’agit pourtant d’un problème purement moral qui pourrait très bien revenir en boomerang vers celles et ceux qui l’agitent. Ce billet d’humeur aurait aussi pu être titré «fétichisation des convictions politiques».

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Les ramasseurs de déchets, grands perdants du récit dominant sur la pollution plastique

A Busan, en Corée du Sud, les discussions sur le traité mondial sur la pollution plastique, qui se tenaient du 25 novembre au 1er décembre, se sont soldées par un échec. Pour être vraiment juste, le traité devrait s’attaquer aux inégalités au cœur des systèmes actuels de recyclage et de gestion des (...)

Bon pour la tête

Les vacances de Prune sont perturbées de diverses manières

Les tragi-comiques péripéties de la famille Schinken Pochon ///// Découragées par l’accueil inamical de certaines populations européennes, elle et son amante Ambre ont décidé de passer la fin de la pause estivale en Suisse. Et d’utiliser les transports publics, ce qui avive le désir sexuel d’Ambre qui, par ailleurs, regarde (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Les tongs, un succès mondial aux pieds de tous

Les tongs sont plus universelles que les baskets. Les ventes mondiales de ces nu-pieds qui séparent le gros orteil des autres dépassent celles des sneakers. Symbole des vacances d’été à la plage, les tongs sont aussi les premières chaussures des hommes et des femmes qui vivent très pauvrement dans les (...)

Bon pour la tête

Pour Nadège, la grande distribution est une métaphore de la civilisation

Les tragi-comiques péripéties de la famille Schinken Pochon ///// Fidèle à la Migros depuis l’enfance, elle s’inquiète pour le géant orange et stigmatise celles et ceux qui le trahissent. Ce d’autant qu’elle constate une dérive wokiste à la RTS et s’inquiète d’une éventuelle toxicomanie de sa fille. Si elle s’en (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

L’UE interdit désormais la destruction des vêtements invendus

En 2020, la France a fait les gros titres en annonçant l’interdiction de destruction des invendus, un geste significatif dans la lutte contre le gaspillage. L’Union européenne vient de lui emboîter le pas: un règlement sur l’écoconception vient d’être adopté. Il prévoit d’instaurer un cadre réglementaire général afin d’éviter la (...)

Bon pour la tête

Gare à l’ogre chinois de l’e-commerce!

Sa pub envahit les réseaux sociaux, les sites des journaux et même de la RTS, avec une ribambelle d’offres hétéroclites à bas prix. Le géant Temu s’attaque au plus ancien, chinois aussi, Shein.

Antoine Thibaut

La nouvelle amante de Prune distribue des gnons, les mâles ont mal

Les tragi-comiques péripéties de la famille Schinken Pochon ///// Prune adore Ambre qui le lui rend bien et prend souvent sa défense avec violence. «C’est une écoterroriste!» accuse Nadège. Il faut dire que Simon-Pierre en a déjà fait les frais une fois, et que cette semaine, c’est l’oncle journaliste de (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Pourquoi la transition énergétique est une chimère

D’après le sens commun, il n’y a pas de doute: après les longs millénaires de l’âge du bois, l’humanité est entrée dans l’ère du charbon en 1800, puis dans celle de l’électricité et du pétrole en 1900 avant de passer à l’ère atomique en 1950 et enfin à l’ère des (...)

Guy Mettan
Accès libre

Vrais poils, fausses toisons pubiennes, la société du spectacle prospère

Lors d’un défilé de mode, les mannequins portaient des postiches faits de vrais poils pubiens, brodés à la main et «plus vrais que nature». Ce n’est sans doute pas ça qui a motivé l’évasion d’un macaque japonais d’un zoo écossais, quoi que… Pendant ce temps, une chimiste américaine choque les (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Simon-Pierre se sent nerveux et hésite à prendre un bain pour se détendre

Les tragi-comiques péripéties de la famille Schinken Pochon ///// Très sensible, il supporte mal d’avoir un père de gauche et il considère que sa sœur est une dépravée sexuelle. Sa relation avec Slimane en pâtit, ce qui le rend encore plus malheureux. Admiratif des loups et de Vladimir Poutine, Simon-Pierre (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Prune souffre-t-elle du syndrome de Stockholm?

Les tragi-comiques péripéties de la famille Schinken Pochon ///// Attentive aux problématiques environnementales et à la souffrance animale, elle ne parvient pas à quitter son amant agriculteur malgré le fait qu’il soit carnivore et peu sensible à la biodiversité. Son malaise, Prune en fait de l’art conceptuel, tandis que son (...)

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Et si l’écologie, c’était plutôt de rouler avec nos vieilles voitures?

L’urgence écologique nous impose désormais de repenser nos mobilités, seul secteur pour lequel les émissions n’ont jamais cessé de croître. Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics multiplient les directives qui enjoignent les citoyens à abandonner leurs voitures thermiques pour des véhicules électriques.

Bon pour la tête

Le cinéma français à l’heure de nouvelles peurs

Deux films actuellement sur nos écrans, «Acide» de Just Philippot, avec Guillaume Canet, et «Le Règne animal» de Thomas Cailley, avec Romain Duris, sonnent l’arrivée d’une nouvelle génération de cinéastes qui s’emparent du fantastique pour évoquer nos peurs actuelles, éco-anxiété et méfiance croissante envers la différence.

Norbert Creutz
Accès libre

Retour de flammes pour les écologistes en Europe

L’horizon s’assombrit. Après deux années de progrès nets, déclenchés par l’irruption des cataclysmes climatiques dans nos quotidiens, entre inondations meurtrières et incendies dévastateurs, il semble que le retour de flammes, en cet été caniculaire, guette les politiques écologiques européennes. C’est ce qu’explique la professeure honoraire à l’université de Tübingen Nathalie (...)