Burlesque: Lilly Bulle, une femme en quête d’érotisme

Publié le 13 octobre 2017
La revue Flappers Burlesque Show reprend ses quartiers à Lausanne. Lilly Bulle est sa directrice artistique et l’ambassadrice en Suisse romande d’un mouvement en expansion, qui exalte l’extravagance et la sensualité non calibrée. Willkommen, bienvenue, welcome dans un univers où la femme est sujet de désir.

Non, Lilly Bulle, performeuse burlesque et directrice artistique de la revue Flappers Burlesque Show, n’est pas féministe; elle est «complètement féministe». Par exemple, elle a «adoré» les «études genre» qu’elle a suivies lors de ses études en psychologie à l’Université de Lausanne. Il y avait pourtant là une assistante qui la charriait: «Vous ne pouvez pas être féministe, vous êtes tout le temps en jupe et maquillée comme une voiture volée!»
C’était pour rire (presque), bien sûr. N’empêche, si l’on se penche sur l’expression employée, on lit dans cette histoire de bagnole volée une réprobation moralisante venue du fond des âges. Brutalement résumée: les attributs de la séduction trop ouvertement affichés, c’est pour les putes. 
En avocate du mouvement burlesque, Lilly Bulle répond: «Comment peut-on à la fois m’encourager à m’affirmer et me conseiller de ne pas être trop séduisante? C’est une injonction contradictoire. Etre féministe, c’est être qui l’on veut et se sentir libre d’utiliser comme on veut ce medium superpuissant qu’est le corps». Ainsi, sur scène, cette brune Yverdonnoise au physique de jolie fille d’à côté, s’amuse à alterner, selon l’humeur et les «actes» (les numéros), son côté «joli-mignon» tout en corsets rose-vintage, cache-tétons fleuris et plumes d’autruche, et son côté «dark-rock», nettement plus «bestial», avec latex, harnais et chaînes métalliques. Jouer avec les codes, échapper aux catégories, oser l’excès, c’est le carburant créatif des artistes burlesques. On l’aura compris: Lilly Bulle s'affirme non pas objet, mais sujet de séduction.
La trentenaire protéiforme est aussi une active promotrice du mouvement burlesque en Suisse romande: on lui doit, en grande partie, le Geneva Burlesque Festival, dont la 4e édition aura lieu en janvier 2018,...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Perfusion culturelle

Faire son plein de spectacles en une sortie, c’est la formule que propose Programme Commun, le festival des arts de la scène de Lausanne (théâtre, danse et musiques dans 5 lieux jusqu’au 25 mars). Plongée à Vidy ce premier week-end dans 2 spectacles à l’opposé l’un de l’autre, mais qui (...)

Accès libre

L’homme qui joue (sans se la jouer)

Lionel Frésard était garçon boucher à Saignelégier, il est devenu un acteur respecté à la ville. Dans son seul en scène «Molière-Montfaucon 1-1», il raconte son parcours et rend hommage aux gens des Franches-Montagnes avec un talent et une poésie assez bouleversants. Créé en 2015, le spectacle poursuit sa longue (...)

«Les Printemps de Sévelin» explosent à Lausanne

Les arts de la scène prennent leurs quartiers de printemps à Lausanne dans l’ancien lit de la rivière Flon. Sous le label d’un festival de danse contemporaine, la soirée inaugurale des «Printemps de Sévelin» présage d’un rendez-vous explosif qui touche à tous les arts, et pas seulement la danse.

Courez voir «Courir»
(et la course à pied,
on s’en fiche un peu)

Le dernier spectacle de Thierry Romanens repart en tournée dès janvier 2018: bouleversante évocation de la course à la liberté dans la Tchécolsovaquie des années 1950. Et formidable originalité d’une création théâtrale entre texte et musique.

Dans la lumière de Zouc, Tiphanie Bovay-Klameth

Zouc nous manque, mais par bonheur Tiphanie Bovay-Klameth existe! A 33 ans, la comédienne vaudoise est la star des plateaux de théâtre romands avec «D’autres», un spectacle qu’elle rejoue à l’Arsenic ces jours et où elle dépeint les préparatifs d’une soirée de la société de gym de son village. A (...)

Accès libre

Vidy: théâtre d’avenir ou repaire de maso-bobos?

La scène contemporaine est-elle élitaire et gratuitement provocatrice? La polémique autour du plus grand théâtre lausannois a le mérite de soulever quelques bonnes questions. Sur la place d’un théâtre «inconfortable», sur la tendance de l’offre scénique à une forme d’abstraction. Enquête d’une spectatrice aussi perplexe que passionnée.