Mémoires d’un dessinateur enragé

Publié le 27 février 2019

Fiche signalétique bidon de Siné, imprimée dans l’édition spéciale du livre Code pénal (1960) – DR

En 1999, à 70 ans, Siné, un des dessinateurs de presse parmi les plus indociles, décidait de raconter sa vie. En 2015, il en était au récit de Mai 68. Et puis il est mort. Les Cahiers dessinés ont regroupés les neufs chapitres de ces mémoires en deux magnifiques volumes. D’une enfance dans le Paris populaire à la guerre d’Algérie en passant par Cuba, Siné y raconte son insoumission, ses ivresses, son amour des femmes et du jazz, ses amitiés et ses détestations.

Il y a plusieurs sortes de dessinateurs de presse: des drôles, des ennuyeux, des de gauche, des de droite, des insolents, des convenus, des bons élèves, des cancres… Il y a ceux qui se veulent éditorialiste et ceux qui pratiquent la provocation. Ceux qui considèrent qu’il s’agit d’une profession sérieuse et ceux qui continuent de dessiner comme s’il s’agissait de graffitis indociles sur les murs de la bonne pensée.

Siné était un cancre, un insolent, un provocateur, un pochetron, un obsédé sexuel, un anarchiste, un anticlérical, un anticolonialiste, un anticapitaliste, un insoumis. Un type bien.

Il est mort en 2016, d’un cancer du poumon, il avait 87 ans. En 2008, après son éviction de Charlie Hebdo ─ faussement accusé d’antisémitisme, comme le démontrera la justice en 2009 ─ il fonde Siné Hebdo, «un canard qui ne respectera rien, qui chiera tranquillement dans la colle et les bégonias sans se soucier des foudres et des inimitiés de tous les emmerdeurs», puis, en 2011 Siné Mensuel, «le journal qui fait mal et ça fait du bien», toujours en activité et c’est formidable.

Maurice Sinet, dit Bob, dit Siné

En 1999, Siné décide d’écrire ses mémoires, à la main, Ma vie, mon œuvre, mon cul. Neuf chapitres vont paraître, le dernier en 2015. Aujourd’hui, les Editions Les Cahiers Dessinés les rééditent, en deux gros volumes regroupés dans un imposant coffret (21 cm de large, 31,5 de haut et 10 d’épaisseur). L’occasion de se (re)plonger avec bonheur dans l’histoire de Maurice Sinet,...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Culture

Ci-gît un dessinateur en herbe

Né à Boulogne-Billancourt en 1955, Philippe Comar, pendant quasi 40 ans, a été professeur de dessin et de morphologie à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris. Dans son nouveau livre,«Premiers traits», il nous offre une jouissive autobiographie.

Yves Tenret
Culture

Dominique Goblet, un livre envoûtant et une exposition à Bâle

«Le Jardin des Candidats» de Dominique Goblet et Kai Pfeiffer est un livre grand format où se croisent bande dessinée et art contemporain, céramiques, sculptures, ready-mades, aquarelles et strips narratifs, dans une totale liberté de ton. Ouvrage d’une grande invention offrant des dessins de jardins, de trous dans ces jardins, (...)

Yves Tenret
CultureAccès libre

Käthe Kollwitz, une artiste pionnière

Qu’est-ce qui fait qu’alors qu’elle est archi connue en Allemagne et aux Etats-Unis, l’autoportraitiste, graveuse et sculptrice prussienne, Käthe Kollwitz (1867-1945) est quasi inconnue chez nous? Un ouvrage collectif, issu du premier colloque français consacré à cette artiste et paraissant ce mois-ci aux Editions de l’Atelier contemporain, tente d’expliquer et (...)

Yves Tenret
CultureAccès libre

D’amour et d’encre

Aujourd’hui, on connaît surtout Frédéric Pajak pour ses livres. Mais son amour pour les journaux ne date pas d’hier, voilà cinquante ans qu’il en fait. Sa dernière création est une revue, «L’Amour», dont le premier numéro vient de paraître. «J’aime les journaux qui ne ressemblent pas à des journaux, qui (...)

Patrick Morier-Genoud
CultureAccès libre

L’hypertexte de Muños Molina tient de l’auberge espagnole

Aspirant à composer «le grand poème du siècle», le romancier espagnol devient Un promeneur solitaire dans la foule, dont les errances fécondes recoupent celles de Frédéric Pajak et de Paul Nizon ou de Roland Jaccard, entre autres contemporains, avec des révérences aux grandes ombres d’Edgar Allan Poe et de Charles (...)

Jean-Louis Kuffer
Accès libre

C’est le printemps!

Matthias Rihs
Accès libre

Et vivement l’année prochaine…

Pascal Parrone

La task force donne l’alerte

Tony Marchand
CultureAccès libre

Une affaire de famille

A l’Espace Dém’Art de Lausanne, trois générations de la même famille exposent ensemble, et dans le désordre, peintures, dessins et photographies. C’est hors-norme, kaléidoscopique.

Patrick Morier-Genoud
Accès libre

Vacances en Suisse

Tony Marchand
Accès libre

COVID-19: ces couples qui ont réinventé leur sexualité

Bon pour la tête
Accès libre

Effets secondaires

Tony Marchand
Accès libre

Mai sera chaud

Tony Marchand
Accès libre

Les experts médiatiques

Bon pour la tête
Accès libre

Nouvelles habitudes

Tony Marchand
PhilosophieAccès libre

La liberté en quarantaine

Tony Marchand