L’art qui disparaît dans la nuit des coffres

L’histoire est fascinante de ce jeune Serbe juif monté à Paris en 1936, assassiné par les nazis dans son pays peu d’années après. Ce passionné a travaillé pour «le plus grand marchand d’art de tous les temps», Ambroise Vollard, il s’est lié avec maintes célébrités et talents moins connus, Picasso, Matisse, Cocteau, Man Ray. Erich Chlomovitch illustre le génie et l’horreur de l’époque. David Laufer, Lausannois établi à Belgrade, fait plus que raconter ce destin, il en fait ressortir plusieurs dimensions troublantes. En 1939, Vollard décède, la guerre s’annonce. Le jeune Serbe possède déjà des centaines d’œuvres majeures. Quand les Allemands arrivent à Paris, il en transporte en hâte une partie dans son pays et en laisse une autre dans un coffre de banque. Ce trésor trimballé et disputé de toutes parts révèle à la fois l’immense appât du gain qu’il suscite et le mépris de sa noble fonction culturelle. Laufer en sait beaucoup sur Chlomovitch bien que tant de points restent énigmatiques. Le Lausannois a travaillé autrefois pour le Musée de Belgrade où se trouve encore une partie de la collection, sauvée dans des circonstances dramatiques. Mais ces œuvres sont exposées discrètement, jamais prêtées à l’étranger, parce que convoitées par les ayant-droits de Vollard et ceux des lointains héritiers de la famille du jeune collectionneur. Une tumultueuse bataille juridique est en cours. En conséquence tout un pan du trésor reste dans les coffres de la Société générale à Paris. En partie dispersé lors d’une vente aux enchères en...
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