Digressions nocturnes sur les quais du Montreux Jazz

Publié le 8 juillet 2017
Soirée cauchemardesque, en tout cas pressentie comme telle, pour les programmateurs de l’officiel, puisque ce soir, l’insupportable diva au melon encéphalique gigantesque, Lauryn Hill, et l’imprévisible génial saboteur de son propre talent, Pete Doherty sont à l’affiche du Jazz Lab. De mon côté, c’est dans le «off» que je traîne ma carcasse d’animal à sang trop épais pour cet enfer bourgeois caniculaire.

Inconfortablement assis sur la roche, alors que j’écris ces lignes, aux abords du parc Vernex, résonne le jazz, certes maitrisé, mais insipide et surfait, de la Canadienne Tia Brazda, faisant passer n’importe quel groupe de croisière chic de seconde zone, pour du Motörhead. En face, sur le lac, huit hors-bord, remplis de fils de…bonne famille, narguent les prolétaires semblant plus avides de nourritures exotiques et de ragots de quartiers, que de sensations musicales inédites. Renforçant l’impression de se trouver sur la «Croisette», Montreux assoit son statut de «festival de Cannes de la musique». OK c’est pas le Hellfest, ni un rassemblement garage punk underground, mais pas de punks à chien, ni Hell’s Angels dans ce cadre trop poli, bordé de terrasses frappées du sceau de ses plus gros investisseurs (Nestlé, La Vaudoise, etc..). Dans cette zone, proche du centre névralgique de la manifestation, même les revendeurs au black et les dealers,  sont luxueusement «marqués», de la tête au pieds.
Juchée sur le bord de son embarcation de – pour le coup au sens premier – fortune, une jeune rentière «Marie-Chantal» tente alors de rester digne, mais surtout sèche, dangereusement penchée en avant, voulant à tout prix arrimer sa barque à la bouée prévue à cet effet. Rendant hilares les spectateurs gavés aux nouilles thaï. L’opération, si burlesque soit elle, se terminera, au grand regret des spectateurs, sans heurts, ni chute. «Dommage, elle aurait rééquilibré un peu les choses en se vautrant dans l’eau», lâche un festivalier, qui n’existe que dans ma tête, à côté de moi. La foule se densifie me poussant à l’exil plus à l’est.
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