Deuil: mode d’emploi
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Il y a quelques mois, mon père est mort. Il avait 93 ans et s’est éteint après un bref séjour à l’hôpital «entouré de l’amour des siens». Certains m’avaient prévenu: au début tu mèneras une vie normale, et puis le deuil te frappera sans crier gare au bout de quelques semaines ou mois. Or voilà, rien. J’en viens à chercher des excuses pour justifier la sécheresse de mes paupières et mon équanimité. Je pense souvent à lui et je visite sa tombe dès que je le peux. J’en retire les mauvaises herbes et tente de lui conserver une apparence digne, celle d’un homme qui, jusque tard dans sa vie, skiait en cravate. Des souvenirs me reviennent fréquemment, de bons souvenirs, des voyages, des repas, des expressions. Aucune rancœur ou ressentiment ne me hantent à son égard.
J’ai aimé mon père de tout mon cœur et sans restriction. Il faut ajouter à cela une précision: c’était un homme d’avant-guerre. Son affection paternelle lui avait été livrée avec un silencieux. Ce département était entièrement réservé à ma mère. Il ne me parlait jamais de «Maman» mais de «ta mère». C’était donc un amour véritable mais non verbalisé, à peine audible sinon dans quelques gestes. Un peu comme un paquet livré non pas par une personne, mais par un drone: le paquet est bien là, mais on ne sait pas trop comment ni pourquoi. La mort ne m’a par conséquent pas arraché une partie de moi-même. A sa façon il fut toujours...
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