L’authenticité, une quête sans fin…

Publié le 31 mai 2019

Mont Cook, île du Sud de la Nouvelle Zélande. – © CMW

7500 km séparent la Nouvelle Zélande de Hawaii, mais un sort commun les unit. Leurs habitants, naguère massacrés, puis colonisés par les Occidentaux, sont aujourd’hui minoritaires dans leur propre pays et souvent réduits à apparaître dans des attractions pour touristes.

Première puissance mondiale, modèle de démocratie et de respect des droits humains, les Etats-Unis n’aiment pas s’excuser. Normal: ils ne commettent pas de crimes. Hiroshima, Nagasaki, Vietnam, coups d’Etat en Amérique centrale et latine, en Iran et ailleurs, ça a toujours été pour une bonne cause. N’empêche… en 1993, Bill Clinton s’est excusé, au nom des Etats-Unis, pour le coup d’Etat et l’invasion américaine à Hawaii en 1893.

Idem pour la Grande-Bretagne, puissante et perfide Albion de l’époque colonialiste. C’est donc du bout des lèvres qu’en 1995, la reine Elisabeth a signé des excuses envers une tribu Maori pour les massacres et confiscation de terres dont ses membres ont été victimes sous le règne de son ancêtre, la reine Victoria. Mais bon, pour le moment, le peuple Maori attend toujours des excuses un peu plus complètes, à défaut d’être sincères.

Gai, gai, massacrons!

Si l’histoire de la Nouvelle Zélande commence à peu près en même temps que celle de la Suisse, vers 1290, avec l’arrivée des premiers habitants, originaires de Tahiti, celle de Hawaii est plus ancienne, les navigateurs Marquisiens s’y étant établi il y a quelque 1500 ans.

Vivant relativement tranquillement – entre deux guerres tribales s’entend – les populations autochtones ont vu leur vie changer avec l’arrivée des Occidentaux, au 17e siècle. Dès 1788, les îles de Nouvelle-Zélande font partie de la Nouvelle-Galles du Sud en Australie, deviennent colonies britannique en 1840, indépendantes en 1907 et souveraines en 1947.

Quant à Hawaii, ce fut, dès 1810, un royaume unifié de six îles, sous le règne de Kamehamea 1er. Considéré comme la clé du Pacifique nord, Hawaii excite alors les appétits des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie. Toujours aussi subtils dans leurs interventions militaires et fortement encouragés par les industries sucrières et fruitières, les Américains débarquent militairement en 1893, déposent la reine Lili’uokalani et annexent tout le territoire avant de le baptiser 50e Etat des Etats-Unis en 1959.

Résultat des courses: des populations autochtones en forte baisse pour cause de massacres et maladies importées, confiscation de terres, conversions forcées, interdiction de pratiquer leur propre langue et interdiction de l’enseigner – et ce jusque dans les années 1970!

Certes, depuis quelques années, on constate une forte renaissance de la culture indigène, mais les habitants d’origine (250’000 à Hawaii, 600’000 en Nouvelle Zélande) représentent à peine 15% de la population et sont souvent cantonnés à un rôle d’attraction touristique pour les respectivement neuf et quatre millions de visiteurs annuels sur Hawaii et en Nouvelle Zélande. Villages Maoris avec démonstration de haka et de danses à Rotorua, dans l’ile du Nord de la Nouvelle-Zélande; centre «culturel» polynésien près de Honolulu à Hawaii et «diners-spectacles» qui fleurissent dans les brochures pour touristes.

Un enchantement de chaque instant!

Certes, ces histoires ne sont guère glorieuses, mais… – car il y a un grand «mais» – il est impossible de rentrer d’une visite de ces deux archipels sans être emballés par la beauté de la nature, que ce soit les montagnes majestueuses de l’île du Sud de la Nouvelle Zélande ou les volcans, forêts et plages de Hawaii.

Conséquences des éruptions volcaniques. © CMW

Comme je n’ai pas la prétention de me substituer aux «Petit Futé», «Lonely Planet» et autres guides de voyages, je vais me contenter de partager mes coups de cœur et de fournir quelques liens en fin d’article:

En Nouvelle-Zélande, prenez le temps de visiter l’île du Sud. Queenstown est un excellent point de départ, mais comme partout ailleurs, évitez les pièges des excursions organisées, avec leur cinq minutes d’arrêt par-ci, par-là, le temps de faire la queue pour faire pipi.

Une voiture de location vous permettra de visiter les fjords de Milford Sound à votre guise, de remonter sur Twizel pour vous balader le long de magnifiques lacs et au pied du Mont Cook, voire ensuite d’aller nager avec les dauphins en pleine mer, à Akaroa ou Kaikoura. Rendre la voiture ailleurs, même sur l’ile du Nord, ne pose pas de problème, et trouver à se loger le long de la route n’est pas compliqué: de nombreux lodges et pensions existent et sont disponibles pour toutes les bourses.

Pour les amateurs du Hobbit et du Seigneur des Anneaux, escale incontournable à Hobbiton, pas très loin de Auckland (indispensable de réserver vos billets bien à l’avance…) et, pour quand même se faire une idée de la culture Maori, un arrêt de 1-2 jours dans la région de Rotorua (île du Nord) est bienvenu.

Maison de Bilbo le Hobbit à Hobbiton. © CMW

En ce qui concerne Hawaii, si c’est pour aller vous dorer sur des plages, Maui est l’île idéale, mais vaut-il vraiment la peine d’aller aussi loin pour y faire ce que vous pouvez faire à moins de 20heures d’avion? Belle île pour terminer un séjour de visite, Maui est un peu le «St Trop’» hawaiien: grands hôtels, golf, plages et petits bistrots, le tout évidemment super touristique.

Quant à l’île d’Oahu, où se trouve Honolulu, ses 400’000 habitants, ses embouteillages, sa pollution et ses dizaines de milliers de touristes japonais et chinois: évitez-là. Certes, il y a la mythique plage de Waikiki, mais croyez-moi, mieux  vaut la voir sur carte postale qu’en réel, avec une mer huileuse de crème solaire et où chaque m2 de sable est pris d’assaut dès l’aube.

Hawaii, la grande île, avec ses volcans, ses forêts et ses cascades est, à mon avis, l’île la plus intéressante et de loin. Les toutes récentes éruptions du Kilauea ont certes détruit des dizaines d’habitations, mais aussi agrandi l’île de plusieurs dizaines de km2. Expérience unique: il est possible de louer une petite maison en plein dans les champs de lave à Kalapana, au sud-est. A ne pas manquer non plus: une grimpette en voiture, puis à pied pour découvrir le volcan Mauna Kea qui culmine à 4200m d’altitude.

Home sweet home. © CMW

Enfin, Kauai, l’île jardin, vaut aussi le déplacement, surtout le nord, entre la Baie de Hanalei et les pics et vallées de Na Pali. Le village de Poipu, autre mini St Trop’, fera le bonheur des acheteurs frénétiques de fringues, paréos et souvenirs, mais, comme pour Maui, on est plus proche des centres commerciaux «made in USA» que de la Polynésie.


Voici donc quelques liens en rapport avec mes «coups de cœur»

Nouvelle Zélande:

https://www.hollyfordtrack.com/

https://www.tamakimaorivillage.co.nz/

https://whakarewarewa.com/

https://www.waiotapu.co.nz/

https://www.hobbitontours.com/en/

Hawaii:

https://www.nps.gov/havo/index.htm

http://www.ifa.hawaii.edu/info/vis/

et pour faire envie:

https://fr.airbnb.ch/rooms/20695115?location=Kalapana%2C%20HI&guests=1&adults=1&sl_alternate_dates_exclusion=true&source_impression_id=p3_1558272184_EWakE2ZwOUzedl03

https://www.sigmasolutions.me/hypnoses-mp3/


 

Retrouvez les autres épisodes de la série «Epopée Pacifique»:

1. Les migrants du grand bleu
2. Marquises et Tahiti: entre soleil et ombres…
3. Les mystères de l’île de Pâques

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