Hissa Hilal, voix féministe d’Arabie Saoudite

Publié le 19 septembre 2018

Hissa Hilal en finale de l’émission «Million’s poem». – © DR

De passage à la Bâtie à Genève, Hissa Hilal, poétesse en niqab qui avait fait sensation à la télévision saoudienne en clamant des vers émancipés, revient sur son combat de femme pour dénoncer le patriarcat et l’extrémisme religieux.

«Lui, celui qui n’a pas de conscience te hait

Dans sa noirceur il s’immerge, il ne voit pas ta lumière.

Quel bénéfice pour la racaille qui se met sur ton chemin?

Vous avez des ailes flottantes, vous ne serez pas trompées par les ciels ouverts.

Apportez les bonnes nouvelles à celui qui veut être votre allié.

Si vous volez, personne ne peut vous atteindre»

Traduction approximative d’un extrait d’un poème arabe d’Hissa Hilal.


Dans l’intimité de sa chambre d’hôtel chez Tiffany à Genève, Hissa Hilal n’est plus une Saoudienne cachée derrière un niqab – long voile islamique dissimulant le visage d’une femme à l’exception des yeux – mais une mère de famille de 49 ans réveillée par le décalage horaire. Une journaliste, une artiste controversée qui, le regard courageux et la chevelure ébène, accueille à bras ouverts son invitée. Elle porte une touche de rouge à lèvre rose. Un détail coquet que seul le privilège d’être du même sexe permet d’être révélé.

Son visage doux porte en lui plusieurs vies. Sa vie de petite fille dans une tribu de Bédouins au nord-est de l’Arabie Saoudite. Sa vie de finaliste dans l’émission de TV réalité Million’s poem, une sorte de Nouvelle Star des poètes suivie par 70 millions de téléspectateurs. En 2010, elle est la première femme à être allée aussi loin dans l’aventure. Dans ses petits yeux amandes apparaissent aussi sa vie de féministe, mise en images dans...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

PhilosophieAccès libre

SDF, les chemins de la solitude

En marchant en ville dans la rue ou dans certains lieux un peu à l’écart nous avons tous déjà croisé un SDF. Leurs quotidiens sont l’opposé de notre mode de vie sédentaire. Nous qui sommes guidés par une multitude de repères tout au long de la journée. Et que dire (...)

Stephan Engler
CultureAccès libre

Narva-Kaliningrad

Narva, mer baltique, frontière russe. Population essentiellement russophone en pays estonien, architecture triste, ambiance morose. Il ne cesse de pleuvoir, à vous faire regretter la sécheresse. Mais les gens sont chaleureux. Peureux mais chaleureux.

Michel Finsterwald
CultureAccès libre

Une soirée particulière avec l’écrivain Grégoire Delacourt

Et si l’on parlait d’un livre en racontant une soirée passée avec son auteur? On m’a proposé de mener un entretien public avec l’écrivain Grégoire Delacourt, à l’occasion de la sortie de son nouveau livre, «L’Enfant réparé». L’ouvrage est bouleversant, la soirée le fut tout autant.

Loris Salvatore Musumeci
CultureAccès libre

Que reste-t-il de mes amours?

Non, Tinder, ce n’est pas que pour les plans cul. De plus en plus de gens y cherchent l’âme sœur. Moi, par exemple. Laissez-moi vous raconter…

Amèle Debey
Culture

Joseph Boyden, l’écriture combative

Samedi, jour de la commémoration du 150e anniversaire du Canada, Joseph Boyden, pointure littéraire nord-américaine, dédicaçait à Oron son dernier roman, «Wenjack», l’histoire dramatique d’un jeune garçon amérindien. Rencontre.

Noémie Desarzens