Et s’il n’y avait jamais eu d’attaques chimiques à Douma?

Publié le 21 avril 2018
Robert Fisk est correspondant pour «The Independant». Il publie un reportage qui remet en cause beaucoup d’a priori qui circulent aujourd’hui dans les médias (et dans les discussions de tout un chacun). Et si le 7 avril dernier, l’attaque chimique sur Douma – cette région de la Ghouta orientale, enclave encore «rebelle» à cette date – n’avait jamais eu lieu? Et si la quarantaine de morts annoncés était un leurre, ou du moins n’étaient pas liés à cette attaque? Et si la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient frappé pour de mauvaises ou d'autres raisons? Un article qui interpelle.

«C’est l’histoire d’une ville appelée Douma, un lieu ravagé et puant d’immeubles détruits – et d’une clinique souterraine dont les images de souffrance ont permis à trois des nations les plus puissantes du monde occidental de bombarder la Syrie la semaine dernière.»

 «This is the sotry of a town Douma, a ravaged, stinking place of smashed apartment blocks – and of an underground clinic whose images of suffering allowed three of the Western world’s most powerful nations to bomb Syria last week.» 

C’est un ainsi que commence ce reportage de Robert Fisk, correspondant pour The Independant à Douma. Dans ce papier, on peut y lire le témoignage d’un médecin de la ville, le Dr Rahaibani, qui explique que la vidéo représentant des enfants avec des masques à oxygène est certes tout à fait authentique, mais elle ne prouve cependant pas les attaques chimiques. Il raconte en effet que cette nuit-là, le 7 avril dernier, il était avec sa famille dans le sous-sol de sa maison. C’était une nuit de grand bombardement (des forces gouvernementales). Il y avait particulièrement beaucoup de vent. Celui-ci soulevait de gros nuages de poussière qui s’engouffraient dans les sous-sols et les caves. L’air a commencé à manquer, les gens souffraient de manque d’oxygène. 
Le médecin continue son récit: les gens se sont donc rendus à l’hôpital. C’est là qu’un «casque blanc» a crié «gaz! ». Paniqués, les gens ont commencé à s’asperger d’eau. La vidéo que l’on a vue un peu partout aurait été filmée à ce moment particulier, donnant «la preuve» des attaques chimiques. «Ce que vous voyez, ce sont des gens souffrant d’hypoxie, pas d’intoxication au gaz», dit-il au reporter anglais de The Indépendant. Le reporter anglais précise qu’il a essayé de rendre visite à ces casques blancs sur place pour avoir ...

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