Ces immigrés venus de «pays de merde»

Publié le 15 janvier 2018

Les Etats-Unis ont toujours été un pays d’immigration. Qui, sinon, aurait allègrement massacré les populations autochtones pour faire de cet immense territoire la première puissance économique et militaire du monde? Après les propos de Donald Trump, qui se demande pourquoi tous ces ressortissants de «pays de merde» viennent dans le pays qu’il préside, deux journalistes du Washington Post, Dan Keating et Reuben Fischer-Baum, ont compilé les archives jusqu’en l’an 1900. C’est vrai que les graphiques qui en résultent sont éloquents: les méprisés ne sont plus les mêmes.
Part de la population née dans un autre pays, par région d’origine

© Washington Post
Il fut un temps où les objets du mépris étaient les Européens du nord non-anglophones. Puis ce furent les Irlandais fuyant la famine, puis les catholiques italiens, les anarchistes allemands, les juifs craignant pour leur vie, les Asiatiques en concurrence avec d’autres immigrants et les Latino-américains hispanophones. Désormais, Trump dixit au lendemain de la visite de la première ministre norvégienne, les Norvégiens seraient autrement plus appréciés que les Haïtiens, les Salvadoriens et tous ces ressortissants de «trous de merde». Mais les Norvégiens ne viennent plus, ils vivent très bien dans leur pays prospère grâce au pétrole et aux pêcheries.
Pour résumer, les Etats-Unis vivent une seconde phase d’immigration massive depuis 1900. Si la première vague fut européenne, Washington resserra les boulons de l’accueil dans les années 1920. Puis, dans les années 1960, une règlementation plus souple a donné le branle à la vague que l’on connaît aujourd’hui, composée surtout de Latino-américains.
En 2015, Donald Trump décrivait les immigrants mexicains comme suit: «Ils apportent la drogue, ils apportent le crime, ce sont des vi...

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