Du Gabon à la Chine: l’Africain qui voulait voler

Publié le 18 août 2017

Le documentaire réalisé par Samantha Biffot aurait pu être une horrible hagiographie, genre success-story à l’américaine, ou à l’inverse, une pleurnicherie sur la difficulté d’être noir dans l’Empire du milieu. Il n’en est rien. – © DR

«L'Africain qui voulait voler» raconte le parcours atypique du Gabonais Luc Bendza, des salles obscures de Libreville où, préadolescent, il était le spectateur émerveillé des prouesses aériennes de Bruce Lee et Jackie Chan, aux studios de Beijing où il lui arrive aujourd'hui de travailler parfois.

Cette histoire commence à une époque où le septième art faisait encore rêver… Gavé de films de kung-fu frénétiques, Luc Bendza, fasciné, souhaite apprendre à voler comme ses héros de pellicule. Poussé par une passion dévorante, il s’initie aux arts martiaux, ne porte bientôt plus qu’un kimono pour sortir et, suscitant la consternation de ses amis, fans de Kool & the gang, se met à écouter de la musique chinoise à plein volume avec son baladeur. Sa sinophilie manifeste s’affirme. Elle tourne même à l’obsession… A tel point qu’à quatorze ans, il parviendra à convaincre ses parents de le laisser rejoindre un de ses oncles, ambassadeur à Beijing.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Luc a été le premier Africain à intégrer le fameux temple Shaolin. A force de persévérance, il s’est affirmé au cours de diverses compétitions internationales, jusqu’à remporter une série de médailles. Il est aussi devenu un professeur reconnu de wushu. Et, comme pour boucler la boucle, il a participé à une bonne quantité de films, notamment certains réalisés par Frankie Chan ou Jackie Chan… Pour autant, tout n’a pas toujours été facile pour lui. Et bien qu’il soit souvent présenté comme un modèle d’intégration par le gouvernement de la République populaire, plus d’une fois, il s’est retrouvé confronté au racisme ou à la bêtise de ses contemporains.

Humour, humilité et intelligence

Le documentaire réalisé par Samantha Biffot aurait, par conséquent, aussi bien pu être une horrible hagiographie, genre success-story à l’américaine, qu’à l’inverse,...

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