Depuis trois mois les manifs se multiplient dans l’île. Parce que plus rien ne va. Manque d’aliments et de médicaments, et surtout pannes d’électricité à répétions qui perturbent l’économie et la vie quotidienne. Les videos déferlent sur Tiktok, très regardé par les Cubains. Particularité: tous les camps s’y expriment. Le président de la République compris. De fait, pour la première fois depuis le début de la révolution lancée par Fidel Castro, un espace de débats s’ouvre sans guère de freins. Chaotique mais comme des prémices de démocratie.
Le slogan révolutionnaire affiché depuis soixante ans, «Patria o muerte» (la patrie ou la mort) fait place, sur d’innombrables images, à «Patria y vida», la patrie et la vie. Soudain la parole se libère. Auparavant oser une critique ouverte contre le pouvoir, c’était risquer immédiatement la prison. Et là, soudain, surgit une profusion de témoignages, de déclarations acerbes. Sans doute attisée de l’extérieur, des Cubains de Miami, mais nourrie aussi d’interventions manifestement captées sur place, sur les téléphones. Sur tous les tons. Dans de telles situations les dictateurs bloquent les plateformes. Pour l’heure, ce n’est pas le cas à Cuba. Le président de la République lui-même, en déplacement informel dans les quartiers, se fait filmer et s’affiche sur Tiktok. Lire la suite…