Jean-François Colosimo, intellectuel, théologien et historien des religions est un homme engagé et aussi un homme de foi. De confession orthodoxe, horrifié par l’invasion russe, il écrit, le cœur ému et vibrant, sans rien perdre de sa rigueur intellectuelle, «La crucifixion de l’Ukraine» (2022). C’est pour parler de cet ouvrage, d’histoire, de religion et d’actualité, que nous l’avons rencontré lors de l’un de ses passages en Suisse. Il s’est livré en toute bonhomie, la voix toujours grave cependant au vu de l’importance du sujet, face à une guerre qui continue.
Je ne me sens pas du tout trahi par Kirill, mais simplement horrifié. Néanmoins ce dernier n’inquiète pas mon orthodoxie, au contraire il la renforce. Il est précisément ce que je considère ne pas être l’orthodoxie. Pour moi, l’orthodoxie c’est la foi indivise des chrétiens dès le premier millénaire, avant l’implosion qui donne lieu au confessionnalisme. Si l’Eglise a un sens aujourd’hui, c’est en tant qu’elle véhicule cette foi primitive et originelle, qui a donné aux chrétiens des pères, des martyrs et des saints. Quant à Kirill, il semble plutôt se vouer lui-même à la damnation éternelle, puisqu’à l’instar du diable il se jette dans l’imposture. Lire la suite…