Tout est vanité, tout est «Mascarade»

«Vous voilà en prison, et moi dans une vie qui y ressemble beaucoup.»
Il me fascine. Nicolas Bedos a le sens du cinéma. J’entends par là, qu’il touche au cœur. Que ces films m’atteignent réellement et complètement. Déjà, avec ce bijou de La Belle Epoque (2019) il m’avait bouleversé. Et pourtant, à voir comme ça, il aurait tout du cinéaste bobo, pédant, qui réalise des petits films français surjoués et chiants, à la morale convenue. Mais ce n’est pas le cas. En fait, il est génial. Il le prouve encore et plus intensément avec Mascarade, à peine sorti en salles. Il sait parler par ses images, son scénario et ses choix musicaux. Il sait choisir des acteurs, pour interpréter à la perfection des personnages qui font pitié, qui attendrissent, qui nous excitent, qui nous font rire ou pleurer. Mascarade est une recueil tragique qui se passe sur la Côte d’Azur. Adrien (Pierre Niney), jeune danseur qui a raté sa carrière, se prostitue comme homme de compagnie auprès de Martha (Isabelle Adjani), une actrice vieille, refaite et déchue. Margot (Marine Vacth), jeune femme aussi sublime que blessée, se prostitue aussi. Elle passe de client en client, sans réel succès, malgré sa beauté. Jusqu’à ce qu’elle trouve un pigeon à plumer, Simon (François Cluzet). Entretemps, Adrien et Margot se sont rencontrés à une fête mondaine, ils sont tombés amoureux. Ils sont jeunes et séduisants, ils partagent la même condition. Mais cette histoire d’amour n’est pas sans rebondissement, sans drame, sans fatalité, dans un scénario qui livre en spectacle chic et sombre les thèmes de la possession d’autrui, du mal-être des riches, de la vieillesse frustrée, de la jeunesse vendue, de l’amour qui n’en est pas. En somme, de la vanité. En somme, de la Mascarade. A voir absolument! Chef-d’œuvre tragique, sexy et magnifique.
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