Les fantômes du Meurice

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Comme le temps passe. Il y aura cinquante ans cette année, un demi-siècle, que la France éprouvait le frisson du Grand soir. Oh! Une révolution sans effusion de sang. Plutôt un vaste carnaval des illusions. «En mai fait ce qui te plaît.» Beaucoup de vieilles lunes n’en apparurent pas moins pour ce qu’elles étaient. Rien ne fut plus comme avant. Et Dieu le père là-haut, le général, sembla soudain hors d’âge. Et ce n’est pas son escapade à Baden-Baden chez Massu qui changea quelque chose. «J’ai fait de l’hélicoptère, j’aime beaucoup l’hélicoptère», dira-t-il à ses ministres éberlués. Toute révolution, surtout si elle n’est que trompe-l’œil, contient sa part de comédie.
C’est en 1968 aussi, ce qu’on sait moins, qu’un tout jeune écrivain, un certain Patrick Modiano, futur Nobel de Littérature, se vit récompenser du Prix Roger Nimier pour son premier roman, La place de l’étoile. Créé cinq ans auparavant en hommage à celui qui avait été l’âme des «Hussards», le nouveau prix a pour marraine Florence Gould. Et c’est à l’Hôtel Meurice, où la fantasque milliardaire s’est installée, qu’il doit être décerné lors d’un déjeuner. Ce déjeuner, qui faillit bien ne jamais avoir lieu, Pauline Dreyfus, pour notre plus grand bonheur, a entrepris de nous le raconter dans un pétulant roman, constamment drôle, toujours brillant, intitulé comme de juste Le Déjeuner des barricades.
Nous sommes en mai 1968, répétons-le. Et le Meurice, comme les autres palaces parisiens, n’échappe pas au vent de la contestation. Le personnel a...
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