Le nouveau pont de Gênes, fait de fer et de lumières

Publié le 5 août 2020
Les images tragiques du 14 août 2018 sont encore dans toutes les mémoires: le pont Morandi, qui relie le centre ville de Gênes à la zone portuaire s'était effondré sous le poids des années et de la négligence, faisant 43 victimes et des dizaines de blessés. Presque deux ans plus tard, alors que les enquêtes sont toujours en cours, le nouveau viaduc, dessiné par l'architecte vedette génois Renzo Piano, a été inauguré le lundi 3 août et sera appelé Ponte San Giorgio, le saint patron de mille batailles. Reportage depuis Gênes.

Lundi matin, les Génois se sont réveillés avec l'odeur de la terre humide. Il a plu toute la nuit et durant toute la journée, le ciel n'a pas daigné sourire. Sauf vers 18h15, où une fissure dans le mur sombre des nuages s'est ouverte et un double arc-en-ciel a embrassé la ville.
Les chaînes de télévision nationales et locales, ont réveillé les citoyens avec l'annonce du programme de la cérémonie d'inauguration du nouveau pont. Ce nouvel ouvrage est «plus qu'un miracle, c'est le fils d'une tragédie», a déclaré l'architecte génois concepteur du projet Renzo Piano lors de la présentation au monde du pont Gênes Saint-Georges.

18h15, un double arc-en-ciel s'invite à l'inauguration. © DCW
Il ne s'appellera plus le pont Morandi et ne prendra pas non plus le nom de son concepteur, Piano. Cette œuvre, unique en termes de technologie et de sécurité, portera le nom du saint légendaire qui a «vaincu le dragon» et qui donne son nom au drapeau symbolique de la ville.
Ce pont soutient un lourd héritage et porte un avenir difficile sur ses épaules: il est devenu le symbole de la renaissance de tout un pays qui veut repartir de cet endroit, coincé entre mer et montagne et où, sous ses piliers, se trouve une vallée ouvrière.
Comme le 14 août, il y a deux ans, lorsque le pont s'est effondré à cause de la négligence humaine, on pouvait respirer la même humidité et il pleuvait des hallebardes. La pluie avait également été au rendez-vous lors de l'inauguration du pont Morandi en septembre 1967.
«Mon mari, qui était enfant à l'époque, s'en souvient bien», dit Emiliana Balestrero, propriétaire d'un kiosque à journaux à quelques mètres du pont, dans le quartier de Certosa. «Ce jour nous ramène irrémédiablement dans le passé, nous ne pouvons pas oublier ce que nous avons vécu. Je me souviens du...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Démocratie en panne, colère en marche

En France, ce n’est pas tant le tourniquet des premiers ministres et la détestation de Macron qui inquiètent, c’est le fossé qui se creuse entre la société et le cirque politicien, avec son jeu d’ambitions qui paralyse le pays. Le tableau n’est guère plus réjouissant en Allemagne, en Grande-Bretagne, en (...)

Jacques Pilet
Accès libre

L’Europe à droite toute. Pourquoi?

On peut s’alarmer de voir la droite de la droite se faire une place au pouvoir dans de nombreux pays européens. Mais on peut aussi en profiter pour s’interroger sur les raisons de ces succès. Encore faudrait-il, pour ce faire, que les anciennes formations politiques soient prêtes à se remettre (...)

Jacques Pilet
Accès libre

Armes, drogue, animaux exotiques… trafics à la frontière suisse

Nos confrères du magazine «L’Espresso» ont suivi le quotidien des douaniers italiens a Ponte Chiasso. Chaque année, 38 millions de véhicules passent par là et dans certains ils trouvent de l’argent sale, des montres de luxe et même… un rhinocéros!

Simon Murat

Pavese, notre ami fragile, nous attend à l’«Hôtel Roma»

Merveille de sensibilité mimétique, de substance documentaire et de justesse d’expression dans son approche d’un grand écrivain retrouvé à l’été (1950) de son suicide, l’ouvrage de Pierre Adrian restitue à la fois les aspects contradictoires de la personne, complexe et combien âprement attachante, et le génie du poète, avec ses (...)

Jean-Louis Kuffer
Accès libre

Le cadeau impérial des Vaudois à Mussolini

«Passé simple», l’excellent «mensuel romand d’histoire et d’archéologie», consacre plusieurs articles à la découverte, en 1939, à Avenches, d’un buste en or de Marc-Aurèle. Mais était-ce bien lui? Ou Tetricus le dernier empereur des Gaules? Mussolini, lui, n’a pas eu de doutes.

Antoine Thibaut

Le cinéma italien à l’heure du révisionnisme féministe

Il y a quelques mois, «Il reste encore demain» de Paola Cortellesi cassait la baraque du box office italien et même helvétique. Aujourd’hui débarque «Gloria!» de Margherita Vicario, sélectionné en compétition à la dernière Berlinale. Et malgré les meilleures intentions de ces cinéastes soucieuses de revister le passé du point (...)

Norbert Creutz

Mastroianni, de fille en père

Premier film de la compétition cannoise à parvenir dans nos salles, «Marcello mio» de Christophe Honoré offre à Chiara Mastroianni une occasion de briller sur les traces paternelles. Plein de jolies idées pas toujours idéalement réalisées, un spectacle «gender fluid» qui devrait ravir les cinéphiles les plus branchés mais pourrait (...)

Norbert Creutz
Accès libre

Marioupol, Donetsk, Lugansk: reportage sur le front du Donbass

Comment ont-ils pu nous faire ça? Pourquoi Kiev veut-elle nous détruire? Telles sont les questions que se posent les habitants du Donbass depuis dix ans. Vues de Suisse ou de France, elles peuvent paraitre incongrues tant nous sommes habitués à penser que seuls les Ukrainiens souffriraient de la guerre. Nous (...)

Guy Mettan

A Ramallah, le football suspendu à la guerre

Le Sareyyet Ramallah est l’un des meilleurs clubs de football féminins de Palestine. Pourtant, leur saison, comme celle de leurs homologues masculins, est en suspens depuis le 7 octobre et le déclenchement de la guerre Israël-Hamas qui a suivi. Sportifs tués à Gaza, joueuses contraintes dans leurs déplacements en Cisjordanie, (...)

Giacomo Sini & Dario Antonelli

Quand Daniel Maggetti remue la soupe aux mots de sa tribu

Poursuivant sa quête identitaire personnelle en phase avec l’histoire des siens, autant ici qu’avec l’Histoire à grande hache, le fils de paysan tessinois devenu prosateur romand de premier rang et gardien du temple de notre littérature, retrace l’itinéraire de son aïeul et de sa mère venus d’Italie voisine en Suisse (...)

Jean-Louis Kuffer
Accès libre

Le 7 octobre a tué l’illusion israélienne

On a vite oublié les attaques du 7 octobre, ce que le Hamas avait d’ailleurs prévu, pour évoquer désormais la contre-attaque israélienne dans Gaza. Il est pourtant nécessaire de comprendre en quoi ces attaques ont fédéré toutes les peurs de la société israélienne, pour en faire le ressort principal de (...)

David Laufer
Accès libre

En Israël, et en toute subjectivité

Me voici de retour de deux semaines en Israël, courant les entretiens et le pays, mais aussi la Cisjordanie ainsi qu’un kibboutz martyrisé lors de l’assaut du Hamas. La série d’articles qui vient sera le récit ouvertement subjectif des réalités et des personnes rencontrées lors de ce périple solitaire, souvent (...)

David Laufer
Accès libre

Etre une bergère en Palestine, au milieu des colonies israéliennes

En Cisjordanie l’occupation israélienne a des répercussions sur les déplacements et la vie quotidienne des Palestiniens. Malgré les défis, Alayeh Shoaybi, une jeune femme soutenue par l’ONG Anera, a réussi à créer une source de revenus stable pour sa famille en devenant bergère.

Giacomo Sini & Dario Antonelli
Accès libre

A Venise, la lagune est à vendre et les touristes sont majoritaires

La population du centre historique est passée sous la barre des 50’000 habitants tandis que 28 millions de visiteurs s’y rendent chaque année. Le magazine «L’Espresso» relate comment des citoyens se battent pour qu’une des îles de la Lagune encore propriété de l’Etat ne soit pas sacrifiée au tourisme et (...)

Patrick Morier-Genoud

Conflit en Ukraine: que révèle sa frontière avec la Hongrie?

Depuis l’agression de la souveraineté et du territoire ukrainiens par la Russie en février 2022 et la guerre de haute intensité qui a suivi, un second front s’est ouvert. C’est celui de l’information, avec son lot d’actions de propagande et de désinformation tous azimuts. Une fois de plus et de (...)

Un grand avenir derrière nous

Sorti en Italie en avril puis présenté à Cannes en compétition, «Vers un avenir radieux (Il sol dell’avvenire)» montre Nanni Moretti réalisant un film historique sur le tournant communiste de 1956. Une mise en abyme moins agile que de coutume pour une «comédie» aux accents testamentaires. Où Moretti résiste encore, (...)