La trace de Reusser

Le cinéma est plus éphémère que la littérature. Les grands films marquent leur époque et puis s’en vont. Une reprise, une rétrospective parfois, mais on reste bien seuls avec sa mémoire. Quel plaisir dès lors de retrouver Francis Reusser à travers le petit livre de Jean Perret. Le rappel de sa vie touche l’ami qu’il fut pour moi. Orphelin de père et de mère à treize ans, jeunesse chahutée entre petits boulots et cavales, puis la passion, le cinoche. Et au fil des ans, dans la fièvre des images et des mots, une œuvre, personnelle de bout en bout. «L’intranquillité de Francis Reusser était nourrie d’un besoin existentiel de trouver les termes d’une possible réconciliation dans ces territoires fondateurs, lumineux et parfois brumeux du lac Léman et des Alpes vaudoises… Il fut le cinéaste du visage de femmes amoureuses et en pleurs et d’hommes en voie de disparition.» Et si ce bouillonnement était dû au fait qu’il n’a jamais suivi une école de cinéma, ni aucun code précuit? A l’opposé des séries d’aujourd’hui, savamment calibrées pour draguer le public. Quand je pense à lui, je vois son visage qui crépite, ses souries furtifs et ses yeux sombres, j’entends ses phrases courtes qui claquent, et je me souviens du choc de chacun de ses films. De Vive la mort à La Séparation des races, du Grand Soir à Derborence, à La guerre dans le Haut Pays. Et tant d’autres. Jamais enfermé dans quelque style, il se réinventait à chaque tournage....
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