La terreur par les mercenaires américains

Publié le 8 janvier 2019
L’OTAN conduite par les USA mène depuis maintenant 17 ans une guerre «contre le terrorisme» en Afghanistan. Et pourtant, les talibans et des unités de militants fondamentalistes – surtout ISIL (Islamic State of Irak and the Levant) – contrôlent encore des parties importantes du pays. Pourquoi? En partie, parce que des mercenaires de l’accord transatlantique exercent des comportements brutaux à l’encontre de la population, poussant cette dernière à se rallier à ces autres forces dites «terroristes».

La population civile afghane se fait de plus en plus entendre: des crimes de guerre seraient en effet commis au nom des USA et de ses alliés. L’ONU déclare d’ailleurs que des rapports crédibles font part de destructions flagrantes de biens privés, d’arrestations illégales et de violations diverses. Les auteurs de ces actions seraient notamment des mercenaires engagés dans la «lutte contre le terrorisme». Dans tous les cas, les coupables restent impunis.

Civils tués, accusation de torture, mais pas d’investigations

C’est à partir de ces informations que le New York Times a voulu aller plus loin. Le quotidien a donc envoyé plusieurs journalistes sur places dans la Province de Khôst à l’est de l’Afghanistan pendant plusieurs mois. Là-bas, on y déplore des violations des droits de l’humain par des mercenaires américaines presque de manière hebdomadaire.

C’est sous le titre C.I.A.’s Afghan Forces Leave a Trail of Abuse and Anger qu’a documenté le NYT, le 31 décembre dernier, certains de ces actes. Ils y racontent que des mercenaires de la C.I.A. ont incendié les maisons de civils innocents, qu’ils ont arrêté des hommes de manière arbitraire et qu’ils en ont torturé d’autres.

En Province de Nangarhar, où le même genre d’actes se produisent, Malik Zaman, un chef de tribu influent expliquait dans une conférence de presse de la capitale de la province Jalalabad: «Si le gouvernement n’empêche pas ce genre d’opérations commises sans scrupules, la population va finir par manifester dans les rues et prendre les armes.»

Crime de guerre

Le NYT cite également un ancien haut gradé de la sécurité afghane. Lui parle ouvertement de crime de guerre. D’ailleurs, de nombreux commandants – anciens, comme actuels – auraient garanti l’impunité de la part de la C.I.A. pour une grande partie des mercenaires présents dans le Khôst et le Nangarhad.

Les journalistes du New York Times tirent ainsi le bilan suivant:

Les différentes unités ne tiennent pas compte du droit de la guerre et mènent des agressions nocturnes, torturent et tuent en totale impunité. Certains fonctionnaires afghans et américains sont persuadés que ce genre d’opérations secrètes sapent tout effort pour renforcer les institutions étatiques afghanes.


L’article original en allemand de Infosperber: BCIA-Söldner in Afghanistan foltern und terrorisieren

L’article original en anglais du New York Times: C.I.A.’s Afghan Forces Leave a Trail of Abuse and Anger

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