Faire Tapie

On ne présente pas Bernard Tapie. Celui qui, disparu voilà deux ans, fut célèbre pour ses ascensions et ses chutes spectaculaires est désormais une partie à lui seul de l’histoire sportive, politique et médiatique française. Aussi fallait-il une série «biopic» pour rendre hommage au personnage. C’est justement ce à quoi on assiste, dans ces 7 épisodes couvrant la période 1960-1990, des débuts de «Bernard Tapy» dans la chanson à son séjour en prison pour avoir truqué un match de football. Sans prétentions moralisantes, sans aspirations à l’exactitude ni à l’exhaustivité, Séguéla et Demangel nous montrent un personnage: un homme dont le destin, les frasques, ont dépassé l’individualité. C’est efficace. Le casting est glamour, Laurent Lafitte est excellent dans le rôle-titre (même si Dominique Tapie, la veuve, a regretté ce choix «pas assez viril»), sans chichis. A l’exception de l’étrange imitation de François Mitterrand par un Samuel Labarthe que l’on a vu plus inspiré, on prend un grand plaisir à voir défiler les années, les projets, les fortunes et les coups durs de Tapie, l’homme du peuple qui se voyait président de la République et fut pourtant détesté par nombre d’employés de ses entreprises, qu’il envoya sur le carreau du chômage. Il y a du kitsch sans premier degré, de la politique sans grands discours, de l’histoire et surtout beaucoup, beaucoup d’humanité. Salaud ou héros, Tapie? Ce n’est plus la question, et depuis bien longtemps.
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