Des décors de rêves

«Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune.» La citation est de Proust, tirée du Temps retrouvé, septième tome de la Recherche du temps perdu. Dans le texte qui accompagne les reproductions d’œuvres de Jean-Baptiste Sécheret, Benjamin Olivennes commence par expliquer, presque un peu gêné, que la peinture de l’artiste «suscite une adhésion immédiate», «met tout le monde d’accord», aussi bien «un public qui ne connaît rien à la peinture que des spectateurs extrêmement savants». Dans ses toiles, Jean-Baptiste Sécheret figure le monde tel qu’il apparaît au premier coup d’œil. Enfin presque. En fait, ce que l’on voit en premier dans ses paysages, c’est une ambiance. Des ambiances, devrait-on dire, tant semblent apparaître au grand jour des humeurs. C’est ainsi que les peintures et dessins réunis dans ce livre figurent des décors de rêves – pas au sens où l’entend le marketing, vous vous en doutez bien. Ce peintre-là est généreux qui nous prend par la main et nous guide, sans brusquerie, vers des paysages inconnus si proches des paysages connus que sans lui, ils nous seraient restés étrangers, comme ces rêves troublants qui donnent à voir un réel plus prégnant que celui de la réalité elle-même.
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