Classement des poursuites contre Addax Petroleum: de la poudre aux yeux

Publié le 14 juillet 2017

Qu’a donc obtenu le premier procureur Yves Bertossa? – © DR

Le Ministère public genevois vient d'abandonner les poursuites pénales qu’il avait ouvertes en février dernier contre le groupe pétrolier basé à Genève. De son côté, Addax versera 31 millions de francs à titre de réparation à l’Etat de Genève. Mais le procédé suscite de gros doutes. S'il remplit les caisses publiques, il donne aussi la fâcheuse impression de permettre aux délinquants en col blanc d’acheter leur impunité. Et sur le plan juridique, les explications du parquet tiennent mal la route.

Le groupe pétrolier basé à Genève Addax Petroleum versera 31 millions de francs au canton «à titre de réparation». En contrepartie, le premier procureur Yves Bertossa a classé l’enquête pénale ouverte en février dernier pour corruption d’agents publics étrangers, a annoncé le Ministère public genevois la semaine dernière. «Une issue pragmatique», s’est félicité le magistrat dans Le Temps de mercredi 5 juillet.

Pragmatique peut-être, et même très lucratif pour les finances publiques genevoises, le procédé éveille néanmoins de gros doutes. Car jusqu’à preuve du contraire, le travail d’un procureur est d’établir les faits et si ceux-ci le justifient, de porter l’affaire devant un tribunal. Pas remplir les caisses de l’Etat. S’il paraît vaguement inspiré de certaines pratiques en cours aux Etats-Unis, le tour de passe-passe utilisé par Yves Bertossa n’apporte aucune réponse à la question que tout citoyen est en droit de se poser: ne donne-t-il pas à la criminalité en col blanc le moyen d’acheter son impunité?

Une première fois pour HSBC

Ces questions sont d’autant plus justifiées que c’est la seconde fois que le parquet de Genève use de la même procédure. Il y a deux ans, le Ministère public avait classé de la manière identique les poursuites déclenchées contre la banque HSBC, pour blanchiment d’argent aggravé, à la suite des révélations du Consortium international de journalistes d’investigation et des médias partenaires de «SwissLeaks». L’établissement genevois avait versé 40 millions de francs à la caisse cantonale.

Dans les deux cas, le Ministère public explique en...

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