Algérie: le deuil, enfin?

Lyna Khoudri dans le rôle principal de Nedjma dans «Papicha». – ©Jour2fête
Et soudain, j’ai enfin eu la force de pleurer.
Enfin.
Laisser un quart de siècle de tristesse solitaire s’exprimer publiquement.
Pourtant, je ne voulais pas craquer. Un quart de siècle que je refusais de fondre publiquement.
Un mec, ça ne chiale pas. Je ne suis pas une gonzesse.
J’étais simplement un con. Comme tant d’autres. Comme trop d’autres.
Une éternité à intérioriser l’insupportable. A écrire mes souffrances sur des mouchoirs en papier. A les noyer dans des boissons interdites. A dire «tout va bien.»
Deuil impossible. Deuil inutile.
Jusqu’à ce qu’un soir. Dans ma ville adorée de Bienne. Dans cette salle de cinéma où j’allais, adolescent, regarder tant de films. Où j’étais Alain Souchon, tenant Isabelle Adjani dans ses bras. Où j’espérais que Joss Beaumont ne se ramasse pas une balle dans le dos à la fin du «Professionnel». Je m’y trouvais beau et invulnérable.
Jusqu’à ce moment où sur ce même grand écran, des jeunes femmes ont commencé à danser en criant «Viva l’Algérie» en écoutant Raina Raï chanter «Ya Zina» – «Que tu es belle.» Voir ces jeunes femmes s’éclater dans cette mer peu accueillante, avec ses vagues grises qui donnent envie de traverser à la nage la Méditerranée pour patauger au plus vite dans les flots calmes du lac Léman.
Et pouvoir enfin pleurer. Chialer. Hurler. Gueuler : «Pourquoi?»
Cette petite séquence de «Pachita» a failli me réconcilier avec la vie.
Dans cette séquence, je me voyais, un quart de siècle plus tôt, sur une plage près...
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