Afrique du sud: des relents d’Apartheid

Publié le 20 janvier 2018

18 janvier 2018, au 2e jour des affrontements devant l’école publique Hoërskool Overvaal qui n’enseigne qu’en afrikaans. La police tente de faire tampon
entre les parents afrikaaners (blancs) et les parents et étudiants anglophones (noirs). – © Capture d’écran EWN

Depuis la rentrée post vacances d'été, mercredi dernier, l'école Hoërskool Overvaal est le théâtre d'affrontements et de tensions. La raison? L'école s'obstine à n'enseigner qu'en afrikaans, la langue des fermiers sud-africains blancs.

Située à 50 km au sud de Johannesburg, la ville industrielle de Vereeniging, «Unification» en afrikaans, est au cœur de l’actualité sud-africaine depuis quatre jours. Son école principale, la très «chrétienne» Hoërskool Overvaal persiste et signe: «L’enseignement se fait en afrikaans (notre langue maternelle), car nous sommes fiers de l’afrikaans et fiers de l’Afrique du Sud», clame-t-elle sur son site.

L’afrikaans uniquement donc, cette langue des colons néerlandais que parlent les Boers (blancs), symptomatique pour toute une frange de la population de l’oppression au temps de l’Apartheid. Une injure aux 55 étudiants de la région et à leurs parents, noirs et anglophones, qui se voient de fait exclus de son enseignement. Et devraient, qui plus est, payer des frais supplémentaires pour se rendre dans l’école plus éloignée que le Département de l’éducation leur a désignés le temps de régler la situation, relève Eye Witness News.

Des frais supplémentaires? Absolument, des frais à ajouter aux impôts qu’ils paient déjà. Car Hoërskool Overvaal est une école… publique, destinée aux résidents de cette ville de quelque 100’000 habitants parmi lesquels 55% de noirs et 33% de blancs (chiffres 2011).

Si Höerskool Overvaal prétend ne pas avoir la capacité d’intégrer ces 55 étudiants anglophones, pour les parents, l’affaire est claire: l’unique raison pour laquelle l’école ne veut pas de leurs enfants est qu’ils sont noirs, ont-ils dénoncé à Times Live. La preuve? La structure a suffisamment de place: elle accueille aujourd’hui 621 lycéens alors qu’elle peut en compter 800. Le département partage le même avis: l’école, qui assure «enseigner à respecter les autres et à respecter la dignité humaine», utilise la langue comme barrière d’entrée.

Réclamée avant la fin de l’année scolaire, la demande que Höerskool Overvaal encadre enfin des écoliers anglophones a dans un premier temps été acceptée avant d’être rejetée en appel, juste avant la rentrée, par la Haute cour de Prétoria, province de Gauteng. C’est cela qui a mis le feu aux poudres.

Les protestataires ont juré de continuer à manifester jusqu’à ce que la politique linguistique de l’école soit modifiée, relate Eye Witness News. Un groupe de parents a même annoncé qu’ils iraient jusqu’à la brûler.

Difficile d’en douter lorsqu’on aperçoit l’un des panneaux de carton brandi par un manifestant: «Afrikaans: nous l’avons combattu en 1976».

1976, l’année où ont éclaté les émeutes de Soweto. Précisément après que le gouvernement avait imposé l’afrikaans comme langue obligatoire.


L’article du Eye Witness News: «Please respect court order, Hoërskool Overvaal SGB tells protesters»
L’article du Times Live: «Several people arrested at Hoërskool Overvaal after petrol bomb thrown at police van»
Le reportage photo du Times Live: «Rocks and rage at Hoërskool Overvaal»


Tensions devant l’école Höerskool Overvaal

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

À lire aussi

Politique

La stratégie de Netanyahu accélère le déclin démocratique d’Israël

Le quotidien israélien «Haaretz» explique comment l’ancien Premier ministre Naftali Bennett met en garde les forces de sécurité et les fonctionnaires contre une possible manipulation du calendrier électoral et la mainmise de Netanyahu sur l’appareil sécuritaire.

Patrick Morier-Genoud
Politique

Netanyahu veut faire d’Israël une «super Sparte»

Nos confrères du quotidien israélien «Haaretz» relatent un discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui évoque «l’isolement croissant» d’Israël et son besoin d’autosuffisance, notamment en matière d’armement. Dans un éditorial, le même quotidien analyse ce projet jugé dangereux et autodestructeur.

Simon Murat
Politique

Israël ne laisse pas la Croix-Rouge visiter ses prisonniers palestiniens

Alors que, selon nos confrères du quotidien israélien «Haaretz», les conditions de détention des Palestiniens se sont aggravées, le gouvernement de Benjamin Netanyahou refuse qu’ils puissent recevoir la visite de délégués de l’organisation humanitaire internationale.

Patrick Morier-Genoud
Politique

Les croisés suisses de Netanyahou

Le journal en ligne «Republik» accuse Ignazio Cassis et révèle les méthodes des chrétiens évangéliques suisses qui défendent ardemment le gouvernement israélien.

Bon pour la tête
PolitiqueAccès libre

La plus ancienne communauté chrétienne de Palestine menacée par des colons israéliens

«Le Courrier des Stratèges» lance l’alarme ignorée ailleurs. Nous publions ici à notre tour l’appel des prêtres des trois églises de Taybeh, dernière ville entièrement chrétienne de Cisjordanie.

Bon pour la tête
Culture

Transidentité: tapage exagéré?

Selon le site d’information lausannois «L’impertinent», l’intérêt démesuré des médias pour la transidentité relèverait d’une stratégie.

Jacques Pilet
Sciences & Technologies

Ces bactéries qui survivent dans l’espace

Une équipe de chercheurs chinois a détecté un micro-organisme d’une nouvelle espèce sur les surfaces internes du matériel de la station spatiale Tiangong, expliquent nos confrères de «L’Espresso». Il s’agit d’une bactérie qui résiste à la microgravité et aux radiations spatiales.

Simon Murat
Politique

«La nouvelle unité du peuple israélien se fonde sur l’addiction à la haine et la soif de sang»

De nombreux Israéliens sont indifférents au sort des Palestiniens, voire se réjouissent de leur destruction. Pourtant, des voix indignées s’élèvent avec courage. Comme celle d’Orit Kamir, ancienne professeure de droit à l’Université hébraïque de Jérusalem et activiste féministe impliquée dans les droits humains, dont nous publions ici l’article paru en (...)

Bon pour la tête
Politique

Ces Allemands qui veulent quitter leur pays

La «Frankfurter Allgemeine Zeitung» met le doigt sur un sujet sensible. Nombre d’Allemands émigrent ou rêvent de le faire. Mais pourquoi?

Jacques Pilet
Histoire

Chevaux et ânes à la rescousse sur le front russe

Selon nos confrères du «Spiegel», l’armée russe utilise ces animaux pour se déplacer plus facilement dans les décombres. De plus, ces montures seraient moins facilement repérables par les senseurs des drones ennemis.

Bon pour la tête
Economie

L’Amérique du Sud préfère la Chine

L’Argentine, le Brésil ou encore le Pérou exportent chaque année davantage de produits en direction du marché chinois au dépend des Etats-Unis, explique «Zonebourse».

Bon pour la tête
Politique

«Trump et la Russie, une vieille histoire»

Tel est le titre, dans «Le Point», d’un article piquant, basé sur des faits indéniables. Les affinités russes du président des USA sont en effet anciennes.

Jacques Pilet
Culture

Aux USA, la chasse aux livres «dangereux» se renforce

Des auteurs supprimés, comme Noam Chomsky ou Anne Frank. Des sujets bannis, comme l’avortement et l’homosexualité, la lutte contre les discriminations et celle contre le racisme. Nos confrères du magazine italien «L’Espresso» relatent comment, dans l’Amérique trumpienne, des bibliothèques sont épurées de livres jugés dangereux pour la suprématie américaine.

Patrick Morier-Genoud
Politique

Cancre autrefois, chancelier allemand demain?

Ce sera une belle revanche pour lui et un bout de l’Allemagne profonde qui arrivera au sommet à Berlin si Friedrich Merz, le candidat de la CDU à la chancellerie, est élu dimanche prochain, expliquent nos confrères des «Echos». Ce qui risque fort d’arriver.

Albert Roth
EconomieAccès libre

Le boom des exportations chinoises

Malgré les tentatives occidentales pour limiter les importations de produits chinois, le volume de celles-ci a augmenté de 40% en 5 ans, expliquent nos confrères des «Echos».

Bon pour la tête
EconomieAccès libre

Armes, drogue, animaux exotiques… trafics à la frontière suisse

Nos confrères du magazine «L’Espresso» ont suivi le quotidien des douaniers italiens a Ponte Chiasso. Chaque année, 38 millions de véhicules passent par là et dans certains ils trouvent de l’argent sale, des montres de luxe et même… un rhinocéros!

Simon Murat