Publié le 10 juin 2019
Etablie sur sol vaudois en 2004, aimablement exonérée durant dix ans par le conseiller d’Etat Pascal Broulis, Monsanto part. L’Etat de Vaud va-t-il récupérer sa part?

Laurent Flutsch

Tout le monde est au courant désormais, le siège de Monsanto pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique s’apprête à quitter son havre morgien pour s’installer à Bâle. Ça soulage pas mal de Vaudois. Faut-il le rappeler, Monsanto a produit des poisons de sinistre mémoire comme le PCB ou l’agent orange, propagé ses graines d’OGM à usage unique et pesticides assortis, détruisant la biodiversité et l’existence de milliers de cultivateurs en Inde et ailleurs, falsifié des études, acheté des experts et fiché des journalistes. Dénoncée depuis des décennies par les ONG du monde entier, elle a été lourdement condamnée aux Etats-Unis et en Europe pour mensonges et méfaits sanitaires, et fait face à 14'000 plaintes en suspens. Que cette multinationale criminelle débarrasse le plancher vaudois déçoit plutôt en bien.
Comme on sait, le ministre vaudois des Finances, l’ineffable PLR Pascal Broulis, avait en 2004 déroulé pour Monsanto le tapis rouge, avec courbettes et cajoleries fiscales. Ce grand visionnaire considérait en effet la venue de la firme comme un apport à l’économie du canton. Bien vu! Du moins si ledit canton se situe au coude du Rhin.
C’est en 2012 que l’exonération avait été révélée. Député Vert au Grand Conseil vaudois, Raphaël Mahaim avait déposé une interpellation ainsi libellée: «Le champion du monde des OGM et des scandales sanitaires Monsanto a-t-il aussi bénéficié d’exonérations fiscales?» Incidemment, ce râleur demandait comment les activités d’une société si malfaisante pouvaient profiter au tissu économique local, et si des câlins fiscaux pouvaient en l’occurrence «être considérés comme une mesure intelligente de promotion économique». D’autant que le parlement vaudois et le peuple s’étaient clairement prononcés contre les OGM: était-il malin...

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