Lucie Eidenbenz, chorégraphe à la touche viscérale
© Anouk Zurbuchen
«La danse reste l’un des parents pauvres de la culture. En 2017, les chorégraphes sont encore bien moins rémunérés que les metteurs en scène alors que l’activité professionnelle est similaire.» La voix douce, le corps exalté, Lucie Eidenbenz fait écho aux revendications de toute une génération d’artistes du spectacle vivant qui prêche une société égalitaire en accord avec leur vision de «millenials». «Malgré notre situation privilégiée de créateur suisse en comparaison avec nos voisins européens, notre statut continue d’être menacé. Nous faisons face à une lutte constante pour être reconnus», ajoute-t-elle lors de cet entretien réalisé pendant la Fête de la Danse en mai dernier. Un propos farouche à l’image des pièces auxquelles elle a données corps, dont Animals are like water in water (2011) sur la gestuelle instinctive des proies ou Tschägg (2015), une création sur la réappropriation du sauvage intérieur.
Une situation qu’Anne Papilloud, secrétaire générale du Syndicat suisse romand du spectacle (SSRS), conçoit mais pondère. «Depuis quelques années, les salaires se rapprochent de ceux pratiqués dans le théâtre. Pour un interprète confirmé dans une compagnie installée, les danseurs gagnent environ 4000 francs par mois. A noter que les contrats de ce type se raréfient alors que les mandats indépendants de courte durée se démultiplient. «Il est vrai, ajoute Anne Papilloud, que les conditions de travail se sont endurcies avec notamment l’explosion de projets qui bénéficient de peu de moyens.» Par conséquent, les danseurs pointent plus longtemps au chômage entre deux créations.
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