Pendant que les combats s’enlisent à Pokrovsk et que l’hiver annonce de nouvelles tensions en matière d’approvisionnement énergétique, une autre guerre se joue en coulisses : celle que l’Europe mène contre elle-même.

Les grands médias parlent des frappes russes qui continuent, de l’OTAN qui finance de nouveaux Patriot via le mécanisme PURL de Trump, ou encore de la Hongrie qui bloque l’adhésion de l’Ukraine à l’UE.

Mais qui évoque les 210 milliards d’euros russes gelés que Bruxelles veut utiliser pour financer Kiev, alors que 200 milliards d’actifs européens restent bloqués en Russie, sous la menace de représailles ?

Qui rappelle que le GNL américain coûte 60 % plus cher que le gaz russe, un surcoût supporté par les ménages allemands, français et italiens, pendant que l’Arabie saoudite demeure notre deuxième fournisseur de pétrole ?

Et qui ose dire que chaque euro dépensé en missiles est un euro retiré à l’éducation, à la recherche, à l’innovation…. des domaines où la Chine et les États-Unis nous distancient déjà ?

L’Allemagne, entrée dans sa troisième année de récession, en est le symbole : usines qui ferment, industries qui délocalisent, jeunesse désabusée… sans que cela n’empêche Berlin d’envoyer encore 8 milliards d’euros à Kiev.

Et pendant que l’Union européenne promet de rompre tout lien énergétique avec Moscou d’ici 2028, comme si la géographie et l’histoire n’existaient pas, Dubaï et les pays du Golfe engrangent nos capitaux.

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Bio: Eric Hoesli est un journaliste suisse. Il a notamment été rédacteur en chef de l’Hebdo en 1996 avant de devenir le fondateur du quotidien Le Temps en 1997, puis son premier rédacteur en chef et directeur, poste qu’il a occupé jusqu’en 2005. De 2005 à 2014, il a été Directeur éditorial du groupe Edipresse puis de Tamedia et responsable des journaux romands. Il a aussi siégé au Conseil d’administration de l’agence télégraphique suisse (ats).