Ces angoisses auxquelles on sacrifie nos libertés

Mathieu Slama est essayiste et il enseigne la communication politique. Selon lui, «la crise du Covid-19 a révélé un nouveau totalitarisme soft fondé sur une idéologie du safe», explique son éditeur. Au-delà de la polémique, il est intéressant de réfléchir avec lui à ce qui s’est passé ces deux dernières années, à la restriction des libertés et à l’acceptation plus ou moins volontaire de cette restriction par la population. Dans son livre, Mathieu Slama cite notamment le philosophe français Gilles Deleuze (1925-1995): «Les pouvoirs établis ont besoin de nos tristesses pour faire de nous des esclaves. Le tyran, le prêtre, les preneurs d’âmes ont besoin de nous persuader que la vie est dure et lourde. Les pouvoirs ont moins besoin de nous réprimer que de nous angoisser, ou, comme dit Virilio (urbaniste et essayiste, 1932-2018, ndlr.) d’administrer et d’organiser nos petites terreurs intimes.» Cette réflexion de Deleuze nous amène bien au-delà de la crise sanitaire; les angoisses qu’on nous propose sont multiples, il y en a pour tous les goûts. Et à chaque fois que l’une d’elles s’implante en nous, c’est un peu de liberté qui nous quitte.
Mathieu Slama sera au Salon du livre de Genève le 19 mai
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