Le 50ème anniversaire de la Révolution des Œillets qui mit fin à la dictature de Salazar et à l’époque coloniale se rappelle à nous. Que tirer de cette célébration? Un cas historique et aussi la sagesse d’un peuple, dont d’autres peuvent être jaloux.
Le soulèvement de l’armée, entraîné par de jeunes officiers, puis le renversement du pouvoir, sans faire couler le sang, n’a guère de précédent dans l’histoire. L’exploit résultait de la fatigue des soldats engagés dans une guerre meurtrière de part et d’autre, et aussi du constat de l’impasse, d’un combat indéfendable, trop longtemps prolongé. Cette lucidité et cette détermination à en finir chez les militaires fait exception. Y en aura-t-il d’autres à travers le monde aujourd’hui secoué par tant de fièvres belliqueuses? Prenons acte de cet épisode de la décolonisation. Dans un «empire» qui, à partir d’un tout petit pays, s’était installé, depuis le XVIème siècle, en Afrique, en Amérique (le Brésil!) et en Asie (à Goa, libéré en 1961 par Nehru). Le pouvoir surgi en 1974 géra son retrait avec une dignité remarquable. Je me souviens d’avoir interviewé le dernier gouverneur portugais à la veille de son départ du Mozambique, pour Temps présent. Il tendait la main aux rebelles du Frelimo, plein d’espoir quant à l’avenir d’une relation post-coloniale apaisée. Lire la suite…