Mon suicide lave plus blanc

Publié le 1 novembre 2017
Exit Suisse alémanique diffuse une campagne de pub qui valorise la mort volontaire comme preuve ultime de liberté. Le temps où le suicide assisté offrait seulement une échappatoire à l'acharnement thérapeutique en fin de vie semble bien loin. Des médecins s'inquiètent de la facilité avec laquelle des personnes dépressives trouvent la mort grâce à Exit.

«J’ai toujours décidé moi-même comment mener ma vie, je veux également décider quand je m’en vais.» Comme huit autres personnalités d’Outre-Sarine, Anita Fetz, conseillère aux Etats bâloise, prête son image à la dernière campagne de pub d’Exit Suisse alémanique. Neuf spots qui exaltent les vertus de la responsabilité individuelle et l’importance d’être «son propre chef» jusqu’au bout. Schweizer Fernsehen a refusé de les diffuser, par crainte de heurter la sensibilité d’une partie des téléspectateurs. Mais la campagne est visible sur six télévisions locales privées jusqu’au 25 novembre.

La Bâloise Anita Fetz, cconseillère aux Etats, 60 ans: «Depuis que j’ai quitté la maison, j’ai toujours pris toutes les décisions qui concernent ma vie. Et j’aimerais pouvoir garder ce privilège jusqu’à la fin. Cela veut dire que je veux décider moi-même quand je m’en irai.» «Décider soi-même, dans la vie, comme dans la mort, Exit».

Ce qui frappe lorsqu’on écoute Anita Fetz, c’est qu’elle n’évoque même pas l’éventualité d’une maladie ou d’un handicap insupportables auquel le suicide assisté lui permettrait d’échapper. Elle revendique simplement le droit à mourir quand elle l’aura décidé et à obtenir de l’aide pour cela. On mesure à quel point, en trente ans, le visage de l’aide au suicide s’est transformé: dans les années 1980, elle se présentait comme une alternative humaniste à l’acharnement thérapeutique dont la médecine, dans son orgueil démesuré, se rendait coupable face à des patients en fin de vie. Aujourd’hui, un tiers des personnes prises en charge par Exit ne sont pas atteintes d’une maladie mortelle et la voix des partisans d’une libéralisation radicale se fait désormais entendre haut et fort. Le suicide assisté tend à devenir «la version acceptable du suicide tout court», ...

Ce contenu est réservé aux abonnés

En vous abonnant, vous soutenez un média indépendant, sans publicité ni sponsor, qui refuse les récits simplistes et les oppositions binaires.

Vous accédez à du contenu exclusif :

  • Articles hebdomadaires pour décrypter l’actualité autrement

  • Masterclass approfondies avec des intervenants de haut niveau

  • Conférences en ligne thématiques, en direct ou en replay

  • Séances de questions-réponses avec les invités de nos entretiens

  • Et bien plus encore… 

Déjà abonné ? Se connecter

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires